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CHIENPLUS PRESENTE, EN HOMMAGE A 2 LEGENDES : UNE SAGA INEDITE…

Cher(e)s ami(e)s, cela fait plus d’un an que je m’évertue à terminer la saga 7 qui vous le verrez est d’un intérêt vital pour la bonne compréhension de nos programmes et donc de nos lignées. Alors, pourquoi ce retard ? Parce que l’année 2008, nous a offert que peu de repos… rassurez-vous, ceci n’est pas une plainte, car bon sang, que de plaisir à travailler, fouiner, débattre et apprendre tout au long d’un voyage peuplé de rencontres. Ah l’aventure ! N’est ce pas merveilleux de partir à l’aventure ? Explorer le Politiedhond, le Shutzhund ou le NVBK quand on n’a que l’ivresse du « j’ai entendu dire, j’ai lu que et je suis impatient de » !!! Ces souvenirs resteront à jamais gravés dans mon disque dur et je me remémore souvent mes premiers pas sur les différents terrains baignés de constructions nouvelles. Ce goût de la découverte, je le dois principalement à quelques anciens. De ce fait, mon mémoire pourrait débuter par : il était une fois, un novice qui s’intéressait à la cynophilie. Par le plus grand des hasards, il toucha un MalinoisUne histoire banale en somme, sauf que le novice en question, croisa le chemin de deux géants et la forme figée de l’assemblage « B-B-M » allait devenir exponentielle ! BBM comme Berger Belge Malinois, BBM comme Bon Brave et Magique, les formules ne manquent pas et pour peu que l’on creuse, on trouve !

 NAISSANCE D’UN REVE !

Il y a très longtemps, je me rendais à une sélection d’HA. Celle-ci se déroulait dans la région Centre, le petit matin était calme, néanmoins l’adrénaline d’un jour « d’examen » cristallisait la bonne centaine de personnes présentes. Sur le parking, nous allions de l’anxieux au sportif, les garçons s’agitaient et moi calfeutré dans l’auto, je scrutais cette communauté proche de l’ébullition. Il n’était pas 9 heures du matin, que les juges arpentaient le Ring en traçant et délimitant soigneusement les lignes de jeu. A cet instant, il n’était pas question de boire un café ou de plaisanter, houlà non… c’était la 1ère sélection de ma vie et j’accompagnais « quelqu’un » qui n’en menait pas large. Alors, que je me préparais à sortir de la voiture, un homme s’affairait à côté de moi. Il était calme, sa main d’une sûreté absolue empoigna un lourd blouson. Soudain, mon regard fit un 380°, oh surprise à 10 mètres du véhicule se tenait un Malinois d’une allure herculéenne et malgré le brouhaha que déferlait l’assistance, il était là « sage & tranquille ». L’homme regarda son compagnon et lui sourit, le monstre imperturbable le toisait sagement. Néanmoins, on sentait chez l’animal un débordement de sève, une fougue quasi bestiale, ce chien doit être une terreur me suis-je dit ! Comment ce Monsieur fait-il pour le canaliser ? Il part se changer, sans même jeter un coup d’œil au mastodonte ? D’où lui vient cette confiance ? Bon sang les questions pleuvaient et je voyais cet homme à la carrure imposante s’approcher du chien, à son ordre le Malinois attrapa la ganse et lui glissa dans la main. Je savais qui était capable d’un tel truc et je reconnus sur le champ André Noël. Il faisait ce genre de tour avec Ours, il faisait des milliers de tours avec ses chiens d’ailleurs, mais la spontanéité de ses gestuelles proposait quelque chose d’inédit. Son assurance ne laissait planer aucun doute, il demandait et hop, comme par enchantement « le chien faisait ». A cette époque, comme beaucoup de cynophiles, j’aimais visionner l’aboutissement de ses performances dans les films. Tu penses ??? Un de nos compatriotes était une star du 7ème art et pour un profane normalement constitué, il fallait se poser les bonnes questions : Comment faisait-il pour tourner avec des chiens, des loups, des ours, des guépards et je ne sais quoi d’autre ? Il m’expliqua avec ferveur « la magie » de certaines scènes exceptionnelles dont « le miracle des loups » où, on le voit combattre dans la neige entouré d’une meute, « les 3 mousquetaires » avec le fameux jeu d’échec composé exclusivement d’animaux, des chiens (aux pions jusqu’aux pièces maîtresses) avec pour  cavaliers de petits singes en guise de jockeys, « Tranche de vie » où, un  Kiki pourrissait la soirée d’un couple, « Rouge » avec cette fois une naissance en direct, bref… de la Grande Vadrouille à Germinal en passant par les Chiens (d’Alain Jessua) l’homme a plus de 1000 films et autres pubs à son actif. Je l’écoutais des heures me compter ses techniques imparables et bien qu’il fut un Maître dans son domaine, il n’en tirait aucun orgueil. Il me disait souvent, tu sais « en plus, j’ai de la chance. Il faut toujours de la chance, c’est important crois moi ». Bigre, de la chance ??????? Je réclamais aussitôt une explication concrète, quant il m’expliqua qu’au départ de la fameuse scène de mise bas, il trouva « le jour J » des bébés grâce à la chienne de sa voisine, puis il enduira les chiots de blanc d’œuf afin d’en accentuer l’aspect visuel. Puis nous découvrons au fil du film, des petits Malinois (si ma mémoire est bonne, ce sont des fils de Gyno du Clos des Crocs Blancs) qui grandissent, mais la portée avait en réalité déjà quelques semaines. L’idée était bien évidemment géniale et avec ce taux d’explications, nous acceptons volontiers le facteur chance « sans voisine, pas de bébé ». Sacré André, ton enthousiasme fut pour nous salvateur, les termes « renoncer », « reculer » ou « démissionner » étaient barrés de ton (si riche) dictionnaire. Je pense qu’au-delà « de la technique », ce qui m’a vraiment interpellé chez lui c’est sa philosophie.

D’une science logique fabuleuse, il déterminait crescendo pourquoi le chien demeurait en situation de stress, d’échec ou de réussite. Il passait des heures à analyser un comportement et cela dans tous les sens du terme, il avait d’ailleurs une théorie impressionnante sur la stabilité des félins (en particulier le chat). Son œil surentraîné par des décennies de travail acharné évaluait une situation à la vitesse d’un processeur, on aurait pu déployer moult formules sur ses raisonnements, mais je pense que c’était sa nature profonde qui commandait ses sens. D’ailleurs, je plaisantais souvent en une phrase, « Au commencement  il y a eu l’homme, le chien… et ANDRE NOËL ». Oui, 100 fois oui, j’ai toujours été (et je le suis encore) fasciné par André et bien que dans mes années d’apprentissage, je n’ai jamais osé l’aborder de front, nous avions la chance (en notre régionale) de l’écouter en foule d’explications. Ses prises de positions sur les disciplines, la garde d’objet Belge ou l’efficacité Batave retentissaient dans mon cerveau. Rentrant de nos journées anthologiques, nous refaisions le match en essayant de ne rien oublier de ses paroles et ??? Fatalement, arriva ce qui devait arriver, j’ai donc rencontré mon idole grâce à une autre pointure Gilbert Guevel. Celui-ci me présenta comme amoureux du Malinois et pour André, j’étais obligatoirement quelqu’un de bien. Certes, il ne faisait pas grand cas de ton statut social, de ta notoriété ou de tes bagages. Les hommes comme les chiens pour peu qu’ils soient motivés, ça lui suffisait. De ce fait, tout en me harcelant de questions dont il me donnait les réponses quasi à la même vitesse, il m’accepta immédiatement. Il y avait en ce jour pour moi inoubliable, outre André et Gilbert : Madame Sophie Grolière, Mrs Primo Orlandini, Luc Vansteenbrugge et Pascal Chenevière. Inutile de préciser de quoi nous avons parlé toute la journée…

 
Dans le prolongement d’un karma, les années passèrent et j’eus l’extrême privilège de le fréquenter de Maître à élève. Pourtant, il n’aimait pas beaucoup l’appellation prof, maître etc… Il aimait à dire, qu’il se justifiait en simple guide. Jean de la Fontaine disait « je me sers des animaux pour instruire les hommes » et cette maxime aurait également pu être prononcé par André, bien que sa réflexion allait au-delà, car son souhait était surtout de les comprendre.

LA VERITE EST DESTAILLEUR !

Pour revenir, à André l’utilisateur. Il faut savoir qu’il fut un dresseur hors pair, parce qu’il était avant tout un fabuleux Homme d’Attaque. Il vouait un culte à LEON DESTAILLEUR, qui d’une culture Franco-Belge avait apporté les techniques du plat pays et donc les fameuses prises aux jambes, la grosse prise et la puissance. A l’image de certains de ses Mouscronnais, Léon était une force de la nature, dans sa jeunesse il n’hésitait pas à se mesurer au champion du déchargement. Un jeu fort simple où tu as une pelle, un wagon à vider tout en étant chronométré, ouais… si tu pleures à la moindre ampoule, reprend ta Playstation ! Malgré cet atout non négligeable, Léon affirmait, qu’il avait porté le costume pour rendre service. C’est avec son propre chien (acheté car il venait de subir un cambriolage) qu’il se déplaçait au club : Un jour, l’Apache nous avait fait faut bond …Nous l’attendions patiemment quand 2 solides gaillards entrèrent dans le petit bistrot. Je sentais bien qu’ils étaient chagrinés et je me suis bien vite demandé ce qu’ils allaient penser de nous. Mon voisin me lança « mince voici 2 champions » et nous n’avons même pas d’HA !!! » Un des 2 sportifs s’approche en me toisant du regard : Dis mon gars, tu es bien hardi, tu ne voudrais pas mettre le costume pour nos chiens ? Je l’avais porté quelques fois pour m’amuser, mais jamais dans ces conditions. Les deux Flamands attendent ma réponse et je leur explique « que je ne sais pas faire ». Pas de problème, rétorque le second nous allons t’apprendre. Le 1er Malinois que j’ai reçu m’a frappé tellement fort… qu’heureusement  que le piqué de palissade placé derrière moi était costaud. Rapidement, j’ai pris de l’aisance, mais sans prétention aucune, je pense avoir été prédisposé de façon innée ! D’ailleurs les gars m’ont assuré que je ne m’en étais pas si mal tiré. Mordu (c’est le cas de le dire), il allait apprendre des 2 gendarmes et devenir en très peu de temps, une véritable machine de dressage. Implacable, mais juste : la cohérence de ses mouvements n’avait d’égale que sa faramineuse condition physique ! Léon fut un colosse redouté, mais ô combien apprécié. En témoigne cet article édité en 1955 : nous sommes en Belgique et le reporter de la gazette nationale écrit à son sujet : L’HA d’aujourd’hui est particulièrement subtil, de plus il travaille tous les chiens de la même façon, en présentant de grosses difficultés, l’homme est d’une précision d’orfèvre  etc… Tellement fier de cet article, il gardera la coupure un demi siècle !

Nous comprenons mieux en revisitant l’histoire, l’essor évolutif dont il fut le déclencheur. Son passé de Dresseur-HA (comme André) l’amènera à un autre exercice périlleux  « l’élevage ». Son affixe du Mouscronnais sera indélébile de réussite, champion ou vice champion à maintes reprises, ses Malinois seront célébrés comme « pains bénis » par toute une horde de jeunes passionnés Français.Outre ses exploits techniques, il y avait également les théoriques. Cette double entreprise fut notée rapidement complexe, mais surtout  bigrement risquée, pourquoi ? D’une part, Léon formulait beaucoup de nouvelles et d’autre part, ses recherches l’obligeaient à les expliquer. Forcément, quand on publie des affirmations (pour l’époque révolutionnaires), on n’est attendu au tournant. Des remarques comme : nous allons voir s’il est aussi fort dans son costume qu’avec son stylo ou nous verrons bien si ses Malinois sont si redoutables que ça fleurissaient sur les touches de nos terrains hexagonaux ! Mais, notre ami prouvait méthodiquement, puis faisait et refaisait l’histoire sans dévoiler la moindre faille. Par ce biais, il était obligatoire d’attester que : Oui, Léon Destailleur justifie théoriquement ses paroles, mais aussi « physiquement » ce qu’il avance. 

LES VASS COMUNIQUANTS !

En matière d’élevage comme chacun sait, l’effervescence du Malinois contemporain aura comme base, une poignée de furieux. Hormis le Mouscronnais qui restera la charpente centrale, le Ventadour, le Mas des Lavandes, la Fontaine du Buis, le Domaine du Caméléon, le Vulcain et bien entendu la Noaillerie joueront un rôle essentiel dans la construction définitive des masques noirs et en ce qui concerne l’élite des élites, un nom revient systématiquement en écho : Vass du Faubourg des Postes ! Malinois époustouflant pour les uns, cataclysmique pour les autres, le dit Vass fit une unanimité contagieuse. Les gens se bousculaient pour l’admirer et soyons clair, son plus grand Fan se nomme André Noël. Il le vénérait, allant jusqu’à le solliciter en saillie, malgré un Léon peu convaincu par ses talents de reproducteur. Néanmoins, les 2 compères tentèrent de lui trouver la lice idéale, car André aimait détourner (à la première occasion) le vieil adage anglais qui stipule « le meilleur sur la meilleure dans l’espoir du meilleur » en « la meilleure avec le meilleur pour elle » ha ha sacré André, c’est hyper bien trouvé, mais ça ne te suffisait pas !!!  Ton obsession étant « la recherche perpétuelle », tu t’étais mis en tête de réussir une œuvre d’art. Pour cela, tu vas te lancer à corps perdu dans une étude approfondie des disciplines mondiales.

Une étude que dis-je, un sacerdoce axé sur des termes frôlant le philosophique (car oui, nous pouvons l’affirmer en 2009, il y a bien une pensée Noëlienne) obligera le géant à décortiquer chaque programme. Puis, sur l’une de ses réflexions « la différence se fait le plus souvent avant la prise », il va étudier de fond en comble les attaques néerlandaises. Il restera longtemps figé sur ce programme, fasciné par la force brute « des gladiateurs hollandais » (surnom de l’époque), il lui faut absolument trouver la perle rare qui complétera sa famille (déjà fortement structurée) et surtout, celui ou celle qui apportera une oxygénation à nos lignées. Dans un premier temps, il emploiera Meno avec malheureusement peu de chiots, mais pas découragé, il repartira sur le champion Bicou avec cette fois le succès qu’on lui connaît ! André possède cette perception viscérale du « il faut le faire et vite… », ce qui fera gagner à la France au moins vingt ans. Ses pérégrinations l’emmèneront dans tous les coins de la planète cyno, mais son amour le plus profond restera pour la Belgique. Là aussi, il ciblera l’élite : Yttro du Boscaille, G’Vitou des 2 Pottois dit Varak, Clip & G’Bibber. Si l’attente escomptée du grand champion de Mr Bastiaans se fera modeste, les deux étalons de Mr Vansteenbrugge vont immédiatement apporter leurs fruits. Et Yttro dans tout ça ? Outre des fondations vitales par Panthère de la Noaillerie principalement utilisé à l’élevage des Loups Mutins, Yttro fut chanté par tous les ménestrels costumés en des circonstances périlleuses… François Lelevier me racontait sa confrontation avec Mody Dick !!!! J’étais posté en haut d’un vallon, je l’attendais bien campé sur mes jambes afin de lui faire découvrir l’ivresse d’une face bâton. Il arriva « modestement », visa, accéléra et en moins d’une seconde, il me projeta au sol. Je n’ai pas encore réalisé, me dit-il en souriant… Bernard Bouchez me compta la même histoire « il ne m’a pas éclaté, mais honnêtement je ne sais pas comment j’ai fait pour rester debout ». André eut la primeur de découvrir le phénomène et c’est tout naturellement qu’il le fragmenta dans ses lignées. Je dis bien fragmenter, car il traînait divers axes d’origines sur Yttro, dans pareil cas, André ne tergiversait pas, il disait : quand ta route croise un grand chien, tu te dois d’essayer. Accouple-le « pour lui » et si tu en es satisfait, construit… Dis moi André c’était gonflé de proposer Xjelaba à la confirmation ?  Xjelaba Oui et non, car Duc (surnom de Xjelaba) fut le chien d’une époque. Il proposait toutes les qualités dont nous avions besoin. Du reste, la suite nous donnera raison car il n’a jamais donné de hors type, par contre, il nous a offert une sacrée belle descendance, quelle erreur nous aurions commise de ne pas l’employer !!! Et toi Léon, tu le maîtrisais ce symbolique standard ? Non pas vraiment, mais j’avais des bases. Un jour Mr Pau m’invita à proposer Quacha en expo, je lui dis que c’est peine perdue, qu’il est bien trop costaud etc… Sur ce, des cynophiles se mêlent à la conversation en ces termes : Qu’est ce que vous y connaissez en beau chien ? Je les ai rassurés immédiatement « certes, je n’y connais pas grand-chose en beau chien, mais… en laid chien : LA JE M’Y CONNAIS !!!! (à cet instant, nous sommes partis d’un fou rire général) et André de surenchérir : Et puis tu sais, si le plus beau chien de la terre n’est pas celui qui court le plus vite, qui mord le plus fort et qui saute le plus haut, il ne m’intéresse pas davantage (re fou rire général et que de souvenirs emmagasinés). Cependant, bien que conscient de l’étique et du type, Mr Noël n’affectionnait pas les papiers à rallonge. Il fulminait sur l’exemple du Berger Allemand où il répétait « ces gens là ont une armada de titres ronflants, mais pas beaucoup de chiens pour le prouver ». Ce qui apportera un lot de controverses, car oui André était un polémiste !

REFFUTONS LE BLUFF GERMANIQUE !

S’il y a bien un article qui a défrayé la chronique sur la fin des années 80, c’est celui de l’entretien réalisé par Madame Claire Dupuis. Les fans de BA blessés par ses définitions et ses hypothèses apocalyptiques (dans le sens cynologique du terme) allaient se mobiliser pour contrer le prophète ! Néanmoins, il aurait été nettement plus judicieux de convoquer notre homme, plutôt que de parler par presse interposée. La raison en est simple : André n’a jamais été l’ennemi de qui que soit, j’en veux pour preuve cette phrase  « L’aptitude la plus précieuse est de reconnaître un bon chien. Où qu’il soit né et de quelle que race qu’il soit ». Par contre à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, il était fin prêt à combattre l’injustice ou l’ignorance. Cependant, en tant que puriste, je comprends le choc de tels propos, ses réflexions comme celle de Léon ne passaient jamais par la poste, c’était du Live, voire du franco de port, voyons cela : Nous sommes à la sortie de la finale André Noel présente Dan de la Noaillerie de Lorient en 1987 et une remise en question soupèse le microcosme CYNO-SPORTIF. A la question, comment ce fait-il que le Malinois détrône le BA ? Mr Noël qui je le rappelle est également un expert dans cette race (multiple champion de dressage et pistage avec plusieurs BA avant sa découverte du Museau noir) relate un bref historique des conflits « animaliers » de la grande guerre. Enormément de Malinois ont péri à cette époque et pendant que les Allemands entretenaient leur cheptel, celui des Belges étaient en reconstruction, il a donc fallu du temps au temps. Ce qui n’a pas tardé grâce au Kennel et au Royal St Hubert qui par un travail acharné, a vu l’expansion du phénomène Malinois au détriment des 3 autres variétés. Naturellement, de fil en aiguille, mais aussi par l’intermédiaire de Primo Orlandini, de François Wasels et évidemment de Léon Destailleur, la prolifération a rapidement gagné la France. De plus, d’un effet purement culturel, il n’était pas rare dans l’entente Franco-Belge qu’un cynophile offre un Malinois en cadeau (j’en ai reçu un moi-même), ce gage d’amitié découle d’un sentiment de respect mué d’un acte de construction pour qui est attaché à la valeur ! André poussait le bouchon encore plus loin en ressassant l’une de ses maximes favorites « on ne peut échapper à la valeur ». Certes, mais alors pourquoi avais-tu la dent si dure sur nos teutoniques voisins ? A cause de leur programme, les Allemands ne testent pas leur chien sur des épreuves valables. Leur discipline ne contient pas de sauts, pas de garde d’objet ni de fausse attaque et les exercices de mordant sont pratiqués sans opposition. Je dis souvent que depuis que le BA n’a plus de pattes, on lui a enlevé les sauts et quand il n’aura plus de dents, on lui supprimera les attaques !!!!
Dis moi André, tu es conscient qu’une telle analyse peut froisser les adeptes ? Et lui de surenchérir : Si j’ai à produire un chien qui ne doit sauter qu’1,80m, je ne porterai pas un regard extrême sur les aplombs. En revanche, s’il faut qu’il franchisse 2,50m et que, au sein de mon élevage arrive un chien n’ayant pas cette aptitude, je le retire immédiatement. De même que si je demande à un chien une attaque à qui l’on propose ad vitam aeternam le bras, je n’ai pas besoin d’un super. Ceci pour expliquer l’importance du programme en matière de sélection, si ta discipline n’est pas élitiste ne t’étonne pas « ataviquement parlant » de stagner !!!! Je sais mon ami, tu aimerais tant qu’au lieu d’être blessés, ils réagissent. Tu aimerais tant qu’ils te prouvent ton erreur et tu aimerais tant que le Malinois ait enfin, un monstre à qui se mesurer ? Quand plus tard, on a évoqué le principe des  invités de race, là encore tu n’as pas mâché tes mots « et bien mince alors, cette fois, nous encourageons même la médiocrité »… pour toi, il n’y avait guère de demi mesure, ta place il fallait aller la chercher contre les Grutter, Beyer, Blanchet et autre Bouras. Le terme un brin péjoratif d’invité te faisais bondir, qu’est-ce qu’un invité d’ailleurs ? A quoi sert-il ? Nous ferions mieux de nous concentrer sur les défaillances de notre programme ? Car là était invariablement le propos et tout un assemblage d’idées rôdaient dans ton cerveau. Il y a déjà 20 ans, tu annonçais que le BA ne remontrait pas un si lourd handicap et qu’une finale de French-Ring où 25 Malinois joueraient le titre te séduirait moins. C’est pour cela que tu t’es abonné à NVBK magazine ? Les Belges ont un programme changeant, très difficile tant physiquement que mentalement, celui-ci regroupe 4 sauts, une obéissance demandant une adaptation de chaque instant et une partie mordante éblouissante. J’aime aller les applaudir, j’adore leur mentalité et j’envie par-dessus tout leurs Malinois. Sur ce sujet tu sais comment ils classifient les choses ? Les 2 premières parties « Ob et Sauts » sont le petit travail et le mordant le grand travail, ça en dit long sur le respect de leur discipline et ça dénote une volonté supérieure. Ce peuple nous a donné le Malinois, grâce leur soit rendue ! L’André serait donc mystique ? Non, simplement amuseur et dénué d’un sens de l’humour explosif : les amis dès que nous serons à Anvers n’oubliez pas d’embrasser le sol, car ici nous sommes en terre Sainte !!!!

UN BEAU CADEAU DE NOEL !

Le paradoxe est à son comble, toi qui porte aux cieux une rationalité permanente, tu veux nous faire croire à quelques divinités inspiratrices. De divin à tes yeux, il n’y a que les actes, ce qui nous renvoie plein feu dans les années folles où tout le monde parle d’un HA plutôt coriace. Le public de l’époque est authentique, les concurrents se nomment : Wasels, Destailleur, Thibaut, Bolchert, Guth, Orlandini, Lelevier, Courade, Le Lann ou Roche, Hervé, quant aux chiens ? Les croco-dogs de l’époque sont réputés pour ne pas faire de prisonnier.

Soudain, le public est debout, les tours de passe-passe de l’Apache sont techniquement fabuleux, l’homme tient debout, court très vite et bloque comme personne. Il ira même jusqu’à piquer un tas de valises. Alerté par le champion en titre, celui-ci s’approcha en ces termes « bon sang tu les as toutes prises » et André de répondre, mais non j’en ai raté 2. Le champion de récidiver « si si tu les as toutes prises », ce pauvre Monsieur n’acceptait pas d’être le gagnant du championnat sans caisse. Il le fixa et lui dit : André tu es l’ange et le démon… mais outre la fonction « de terreur » qu’il imposait, il fut surtout féliciter par Léon Destailleur qui n’eut de cesse (toute sa vie) de déceler le génie. En effet, il avait tellement fait tourner en bourrique Mulot à la garde d’objet, que Léon impressionné s’approcha et remercia André de lui avoir appris quelque chose. Madame Noël me compta la joie de son mari, il était sur une autre planète, il avait parfaitement œuvré, il avait été félicité et il avait vu des Malinois, c’est bien simple, il m’en a  parlé toute la nuit ! Rien d’étonnant quand on connaît André, pour bien calculer la déflagration d’une interprétation Noëliène, il faut simplement imaginer une discussion classique (donc particulièrement animée) de Ringueurs et la multiplier par 100. L’homme n’a jamais flirté en demi-mesure, quand il aimait il le disait et quand ça le gonflait, il le disait aussi.Il me répétait souvent : dans mon caractère il n’y a rien de lisse, je sens en moi une éternelle rébellion, car il faut se rebeller, cette notion est importante. Une notion qu’il partage d’une humeur constante avec les remises en question. Je le revois nous saluer, barré d’un sourire prêt à décocher l’une de ses fameuses formules. Allez André redis là ta formule : J’ai un super métier, j’adore mes chiens, j’ai une famille formidable et la meilleure femme au monde ! Il est vrai que Christiane est bien plus qu’une simple épouse… Croyez moi, la légende : dans l’ombre d’un grand homme, il y a toujours une femme exceptionnelle, est ici de rigueur. Havre de douceur et puits de science, elle fera bien plus qu’épauler son mari, elle le secondera. Pourtant, la mission ne sera pas aisée, Mr Malinois a décidé de re-parcourir le globe à la recherche de l’excellence. Si Léon avait déjà déblayé le terrain en constructions chirurgicales, André se fera un devoir de poursuivre en accentuant par 2 fois les choses essentielles. Rapidement, l’élevage de la Noaillerie s’ouvrira au monde comme l’institut phare Européen. Les meilleurs utilisateurs toutes frontières réunies sont unanimes :

  • La Noaillerie est la clé d’un élevage visionnaire, avant-gardiste et moderne. Bon sang André cette fois tu as bouclé la boucle !!!! Mais ce dispositif allait-il lui suffir ? Bien sûr que non, ce légionnaire du savoir devait dévorer d’autres contrées, ce qu’il va faire en re-côtoyant le Ring Français dans ses ultimes retranchements. De ses multiples travaux, il en ressortira une restructuration de sang neuf en adéquation du programme choisi et c’est là que nos critiques : nous réexpédierons en Belgique !
ANVERS ET CONTRE TOUS !

Pour un aficionado du Malinois, ne pas aller à la grand messe NVBK au moins une fois par an, relevait de l’hérésie. Pour cela, André fut l’exorciste qui sauva le monde, il embarqua une foule d’adeptes et, traînant sur les chemins de la gloire, nous faisions de drôles de rencontres. C’est vrai qu’il y avait d’étranges pèlerins à Hoboken… Mais quel plaisir de converser avec les Lelevier, Fransen, Pechereau, Bellon, Landais, Vandergeten, Matuzak, Lopes et autre Persiketi. Soyons clair, c’était loin, fatigant, parfois onéreux, mais pour rien au monde je n’aurai laissé ma place. Une place que je partageais avec André et de Gazeran au bord du superbe terrain de Bart, un flot que dis-je, une marée de discussions rebondissait sur la carlingue du véhicule à un point, que je plaignais sincèrement le conducteur. Fort heureusement, celui-ci n’a jamais sauté en route, bien que l’idée à dû germer plus d’une fois, merci François ! Un dimanche, nous étions quelques disciples à s’esbaudirent devant Wolf, Raky, Vector, Tourtel et autre Raker, quand notre speaker annonça un événement : Mr Destailleur serait l’invité d’honneur de la rencontre. Je le revois s’installer à mes côtés, nous saluant poliment sous une averse d’applaudissements. Les Belges habituellement réservés, se sont levés à chaque énoncé du chroniqueur, (celui-ci accentua son parcours du dressage à l’élevage), puis finirent par l’ovationner vigoureusement tout en le remerciant chaleureusement. Nous étions dans nos petits souliers, quand le calme revenu, il s’adressa à nous d’un ton ultra grave « et bien si après ça, je ne prends pas la grosse tête », mais son sérieux ne dura qu’une seconde… Un fabuleux sens de l’humour conjugué d’une joie de vivre extraordinaire coulait dans ses veines. C’était un passionné enjoué, capable de se lever et de mimer une action comme ça d’un seul coup, afin d’être persuadé que tu aies capté le message et en ce jour,  nous n’avons plus lâché le terrain. Il regardait tout, la vélocité, les sauts, l’entrée, la prise, la cessation, je dis bien tout jusqu’à la finition. De plus, il y avait chez Léon une sérénité incroyable, en voyant cet homme, je me disais que rien ne pourrait l’atteindre. De même qu’André dégageait une force naturelle masquée par un aspect joyeux, puissant et déterminé, "le Roc quoi" ! Ils étaient deux locos filant à toute allure sur les rails de leur destinée, une destinée qui en grande partie fut surtout la nôtre, car sans eux ???? il n’y aurait pas eu d’omelette…

Léon fut honoré d’un challenge à son nom. Il en était heureux, nous en avons souvent discuté au téléphone et rempli de fierté, il m’a offert une interview que les Chienpluscynofans ont appréciée. Pour trouver les conditions requises, nous nous étions donné rendez-vous à la nationale d’élevage qui scellait à jamais son nom au patrimoine. Cette interview est toujours disponible en intégrale dans la saga du Malinois Vol 2. Quant à André ses derniers combats furent à l’encontre du CSAU, des examens, des comportementalistes et autres savants. Un scientifique ne peut comprendre les choses simples ! Je ne les  situe pas, quelle est leur démarche ? Ont-ils seulement un bagage en matière de dressage ? Ils sont comme les vétérinaires, nous leur donnons bien trop d’importance, qu’ils restent dans leur métier et nous les cynophiles, dans notre passion. J’en ai rencontré, ils sont loin de m’épater !!!! Un jour il me téléphone, ulcéré de ce qu’il venait de lire. Un véto expliquait dans une revue (un magazine quelconque de culture générale si ma mémoire est bonne) comment éduquer un chiot, puis remettre dans le droit chemin un semi adulte récalcitrant. Le pauvre homme nous invite à fabriquer un vrai petit débile, qu’il s’évertue à soigner nos chiens car là, il a déjà beaucoup de travail ! Pour l’aspect éducatif, qu’il laisse les dresseurs s’occuper de ça. Il est clair, que tu ne mélangeais pas tout, hein André ? Je n’ai rien contre les scientifiques, du moment qu’ils restent à leur place. Quand j’entends parler ces gens là « de chiens avec comme base le loup », ça m’inquiète. Des loups j’en ai manipulé, j’ai même réussi à en tenir en laisse et, ce n’est pas une simple affaire… Si tu prends en revanche le Malinois, il a changé 3 fois de caractère en 35 ans et cela sur des données concrètes et analysables. Comment cette mutation s’est produite ? En fait, c’est simple : grâce au mordant. A l’inverse d’une pseudo caste de personnalités civiles d’une inculture cynophile abyssale, qui osent confondre « mordant » et « agressivité », je n’aurai de cesse  de proclamer : Oui, le mordant est une bénédiction !
Le mordant est le seul outil, nous permettant d’analyser l’âme d’un champion. Le jour où, j’ai écrit cette phrase, c’était sans doute guidé par l’un de tes aphorismes et que penses-tu de celle-là « dis moi comment tu mords et je te dirai qui tu es »…
Absolument, le mordant est gage d’équilibre. La personne qui ne fait pas mordre son chien passera toute une vie sans le connaître, alors que moi, il me faut 7 minutes. Tu sais comment j’avais surnommé Xjelaba ? 200 %,  soit 100% mordant et 100 % équilibre.
L’équilibre, un de tes mots préférés avec « stabilité », car certes chacune de tes interventions étaient précédées d’une réflexion explicative. Une chose est sûre, plus nous avons amélioré nos chiens de compétition, plus nous avons accentué son côté pointu et plus nous avons progressé en équilibre. Or « l’équilibre » quand il y en a suffisamment, il n’en faut pas plus. L’excès d’équilibre, comme tout excès, peut rapidement se transformer en vice et Léon de surenchérir, il ne faut surtout pas, pour le Malinois exagérer la sociabilité.
La langue française étant riche, nous nous devons de traduire ses définitions, « équilibré » ne veut pas dire « gentil », « sociable » ne signifie pas « soumis ». Respectons le travail martelé dans la forge et gardons l’âme de l’acier. Un acier trempé et retrempé de larmes, de joies et d’une structure brute façonnée par les Titans. En ces jours sombres, deux sont partis, quoi que pas vraiment… à l’ombre d’un costume ou dans le sourire d’un museau noir, leurs visages restent scellés à jamais.

LA FIN D’UN REGNE !

Mrs Destailleur et Noël s’étaient peu à peu retirés, mais pendant toutes ces années d’études, Léon donnera sans compter, il construira, enseignera, élaborera jusqu’à un règlement très judicieux, ne sera jamais avare d’explications, ni de constatations. Son aide précieuse sur l’appréhension de l’artifice et de la totalité d’un parcours axé sur l’adaptabilité nous éclairera de façon rationnelle. Ses dernières interventions datent de 1998-99 dans la revue ChienSansLaisse, elles sont toujours à méditer.

 André sera de toutes les batailles et bien que son métier de dresseur animalier pour le cinéma, lui prendra un tiers de sa vie. Il ne vivra que pour comprendre, aimer, élever et faire ! Ses conceptions sur la vie, l’homme et le chien, apporteront une pensée Noëlienne que tous ses élèves appliquent et revendiquent. Lui qui plaçait l’esprit au dessus de tout, insufflait des maximes poétiques d’une étonnante clairvoyance. Il eut même le temps d’écrire un livre que seule une poignée de fidèles purent étudier. En voici quelques phrases :

Je n’ai surtout pas de secret, car ce que j’aime le plus, c’est essayer de partager le savoir.
Dans le Malinois, il y a une éthique des valeurs absolues. On n’échappe pas à la valeur !!!
La base de notre travail est de déceler « l’excellence » et de l’accoupler à la complémentarité
La différence entre l’éducation et le dressage est simple, il suffit de rajouter le mot performance !

Coïncidence ou karma, André a rendu une ultime visite à Léon, celui-ci « les yeux dans les yeux » lui suggéra de partir ensemble… et voilà, amis pour la vie et amis pour le reste, quand indissociable rime avec inséparable, il n’y a plus qu’à obéir !

Cher(e)s ami(e)s, seul un texte intense pouvait sortir des larmes et j’ai dû puiser dans mes derniers retranchements pour le rédiger. Je tiens à remercier Christine qui m’a suggéré l’idée d’établir un mémoire sur deux êtres incomparables. Il est vrai, qu’il est impossible de parler de l’un sans l’autre, car si l’un nous apportera la lumière, l’autre veillera à ce quelle ne s’éteigne jamais. Léon et André furent des Maîtres, des exemples et pour beaucoup : des amis. Quant à nous, leurs élèves, il nous faudra retransmettre leur énergie et leur amour de la cynophilie, en prenant soin de récolter toutes les valeurs et de les améliorer en gardant le fameux esprit…  Oui, celui qui a cette faculté de transformer la compréhension en Art ! André disait :

L’art du dressage est de déterminer le potentiel du chien sans empiéter sur son caractère !

Et je rajouterais :

L’art de saluer un grand homme est de réaliser le cheminement qu’il aura laissé à votre apprentissage…

Jean Michel Vedrenne

 

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