<%@LANGUAGE="JAVASCRIPT" CODEPAGE="1252"%>
Copyright © /www.chienplus.com
Tous droits réservés. La reproduction de tout ou partie du matériel contenu sur ce site est interdite sans l'autorisation écrite de l'auteur.

Imprimer la page  -- Diese Seite drucken  -- Print this site

LE BERGER BELGE :

UN ATHLETE PAS COMME LES AUTRES…

Alors, cet historique il est digéré ? Bon sang… En ce qui me concerne : Je vous imaginais en pleine réflexion du style "il est cool Jean Mimi, il nous a pas trop gonflé les mirettes avec un historique préhistorique, qui fou des tics, des hics au grand psychotique du néolithique ". Au lieu de ça, on me persécute, on me harcèle et on exige ! OK ok, je me rends… Après avoir reçu un camion benne de mails et une détonation de coups de fil (que même mon oreille droite elle marche plus) équivalente à un bœing au décollage. Je ne peux que capituler et me plier aux exigences des spécialistes que vous êtes, sic ! C'est vrai que nous avons quitté la Saga en 76, mais avant ?
Comment notre Berger préféré a-t-il dominé toute activité cynophile ?
Et pourquoi lui ?
Quelles étaient les premières compétitions ?
Comment ont-elles été créées et par qui ?
Vous l'aurez compris, beaucoup de questions m'ont été adressées suite au premier volet. Vous pensez bien que ces interrogations m'ont également taraudé l'esprit, qui a dit le cerveau aussi ?
Tel un petit Sherlock Holmes de la prise intérieure, j'ai longuement enquêté sur le sujet et :
Il semblerait que le Berger Belge tant par son physique ni trop grand, ni trop petit… Et par son étonnante détermination psychologique, voire un caractère têtu (irascible, il n'y a pas si longtemps) mais très prêt du maître soit génétiquement prédisposé à l'utilisation. D'ailleurs, sur le sujet plusieurs chapitres furent développés dans divers ouvrages. Naturellement, nous trouvons un magma d'affirmations qui ne tarissent pas d'éloges et d'autres qui tentent désespérément de réduire nos masqués au rang de simple toutou. Pourquoi ne pas voir la vérité en face et pourquoi ne pas admettre les choses !
Certains ont même lancé des hypothèses hasardeuses sur le "caractère pointu de la bête ", évoquant ça et là des affirmations étranges sur les réflexes, la vitesse, et sur sa rapidité d'exécution à la compréhension de l'exercice. Cette fameuse vivacité aurait donc un côté caché ? Essayons d'y voir plus clair.

Suite au succès survenu dans les années 80 des idées ont été lancées sur le fait que sa nervosité faisait qu'il était ainsi parce que… Hum, "justement sensible " !
Hou la la, quelle méconnaissance de parler de la sorte. Certes , une hyper nervosité peut amener une réaction fulgurante sur les fuites de garde aux fermes notamment, mais cette même électricité peut apporter également son lot de calamités !!! N'oublions pas que dans les années 70 (période patte d'Ef et coupe au bol) il n'y avait pas que des bonnes choses sur notre territoire. Le règlement n'était pas toujours très clair, les Apaches étaient plus rudes que techniques et nos athlètes n'avaient pas le précieux atavismes souhaité pour ces temps héroïques !!!! Bref, c'était du brut de décoffrage avec des sauts Les concours de saut très à la mode, ici le chien franchit une écluse ! en silex, des costumes en peau de bête et une pluralité d'attaques des cavernes. Non quand même pas "j'exagère " !
Mais avouons que c'était du "live " et nos guerriers des rings demeuraient le reflet d'une époque. Croyez moi, il ne fallait pas mettre une tape dans le dos du papa en sortie de terrain, car le kiki aurait eu raison d'un mollet, voire d'une cuisse…C'est vrai que certains Malinois étaient fins comme du gros sel et c'est vrai que les marchands de muselière étaient gras comme des loches, mais bon…
A décennie difficile, méthode radicale ! Contrairement à ses frères "sans doute plus élégants ", la légende du Malinois s'est faite dans l'arène :
Sur le tas et aux forceps !!! Pourquoi lui ?
Si vous voulez en savoir plus : enfilez votre scaphandre, attachez votre ceinture en plomb et plongez avec nous dans :

LA SAGA DU MALINOIS VOLUME 2

Pourquoi comparer le Malinois à un Gladiateur ? Tout simplement, parce que son cheminement est identique, ne dit-on pas que le Malinois est le seigneur des rings ! Et oui, vous l'aurez compris :
notre idole est Belge… Ces mêmes Belges n'orchestraient-ils pas de furieux concours avec de non moins furieux chiens et cela dès le début ?
C'est ainsi qu'avant même 1926 : date où A. Laga et Sadi remportèrent le Belgische Kampioenen Ringsport. Tjop, Sips, fidos et le Snap de Mr Hansen déblaieront le terrain, afin d'expédier leurs rejetons dans la légende.

SamloRappelez-vous, 1891 date historique ! Because, première création du club "CHIEN de BERGER BELGE " avec une éminente personnalité en ses rangs Mr Beernaerts, propriétaire du fameux Samlo. Prem's des poils courts connus "Samlo " est en haut de la dynastie des masqués, car père de Tomy (lui-même père deTomy fils de Samlo et père de Tjop Top). Quelles remarques pouvons-nous établir sur l'aspect de "la bête " ?
En fait et hormis qu'il était "strange " on note un aspect rappelant un chien de Berger entre le Malinois et le Hollandais. Par contre son fils (par Diane) Tomy est déjà nettement plus typé Malinois.
Normal que son alliance avec la grande Cora , donna "Tjop " référence absolue du commencement "poil court " atomique !!!!



D'accord Jean Mimi, mais cela n'explique pas tout ?

Ok, nous voilà en 1892 à Cureghem afin de sélectionner les qualités "naturelles " de nos masqués. Le travail essentiellement étalonné sur troupeau va prendre une direction monstrueusement fulgurante avec les travaux de Mr Huyghebaert. Visionnaire parmi les dieux du travail, l'excellence cynophile va proposer une description parfaite de notre Malinois. En bref, c'est bien simple "on lui doit tout " !!! Il faut savoir que des démonstrations de dressage "sous forme de chien savant " existaient déjà, mais hum… rien de bien carré. C'est pour cela, quand 1897 une remise en question sera nécessaire, du coup nous voyons le premier programme se pointer à l'horizon avec un prémisse d'exercices du style :
Absence, marche au pied, garde d'objet, rapport en toute circonstance, saut, garder un endroit et défendre son maître. On note même des épreuves facultatives et en 1899, Louis Huyghebaert va créer la Société d'amélioration du Malinois et dès 1903 ça déboule sec dans les Campagnes à grand coup de muselière. Les puristes vont pouvoir s'épanouir en criant "bou diou, enfin du concret "…
Tout va alors se préciser, se calibrer et s'enchaîner rapidement. Evidemment un autre programme sera mis en place, puis peaufiné pour le titre de champion de travail et nos disciplines dites "contemporaines " vont en découler. Le seul hic, réside dans le fait que beaucoup voyait une sélection sur troupeau et comme on trouve de tout dans le mouton, une polémique attisa un léger malaise.

Un peu plus tard, le Kennel (qui aura son propre livre LOB) va voir le jour et c'est tant mieux, car notre bon vieux French Ring va également apparaître grâce à lui. Avant de nous jeter à corps perdu dans la bataille des champions, jetons un coup d'œil sur le programme de Mr Huyghebaert. A savoir que son principal souci est de mettre en avant les qualités "d'intelligence " et d' "obéissance " d'un chien de Berger.
Nous retrouvons l'obligatoire marche au pied, le nécessaire rapport, des sauts mortels avec une variante à l'eau, une garde d'objet, une défense et surtout une attaque à l'ordre.

Ce dernier exercice n'est pas négligeable, car cette anticipation ne pouvait qu'émerger d'un cerveau éclairé. Ces épreuves seront bien entendu notées sous forme de pointage selon la performance. Nous verrons apparaître en 1906 les premiers apaches avec des costars de ouf et bonzaï vaille que vaille "la machine est lancée ".

CHAMPIONNAT OU GRAND PRIX ?

Normalement, nous parlons de Grand Prix.
Mais bon, l'amélioration de la discipline est croissante et nous trouvons des traces écrites dans l'excellent ouvrage de Mr Joseph Couplet sur le devenir d'une épreuveJoseph Couplet officielle.
Cette fois, nous parlons de 155 points avec toujours des sauts, des rapports d'objet, de l'OB ( réduite ) une garde d'objet, une défense, une attaque à l'ordre accompagnée d'une arrêtée à 2 mètres avec l'obligation de ne pas toucher le malfaiteur. Puis l'apothéose "une recherche " avec fuites et blocage en cas de chute de l'apache.
Nous voyons nos programmes se définir à grand pas quand une épreuve de coup de feu et une allure générale concluront le tableau pour 200 points ! Naturellement quelques additifs furent nécessaire, exemple pour être classé : le chien doit remporter au moins la moitié des points de chaque exercice, ce qui va corser considérablement l'échelonnage et prouver que le gagnant est bien le plus complet. QLa consécration des chiens policiersui plus est devant l'effort proposé, chaque chien doit résister à toutes agressions et devra se défendre muselé ou non, ses qualités seront prises en compte bien entendu. Nous trouvons ici pour la première fois un alinéa spécial femelle.
Celles-ci pleines ou en allaitement sont interdites. Les autres seront conviées à passer en dernier après tirage au sort des mâles. Enfin, le concours sera sous la direction totale des juges qui seront décideurs en cas de litige ou devant un sujet non prévu par le règlement.
A force de travail et de persévérance "un grand concours international " pour chiens de défense et de Police (toutes races) sera organisé à SPA le 2 Juin 1907.
Ce tournoi mondial fut partagé en trois parties et uniquement bravé par des Bergers Belges. En voici le résumé :

•  Marche, rapport d'objet, recherche d'objet, sauts en hauteur, longueur et escalade.
•  Garde d'objet, défense, attaque & recherche.
•  Exercices facultatifs, si et seulement si, le chien a exécuté l'ensemble des exercices.

Attention, il n'était pas rare de travailler muselé dans la seconde partie !

Cocorico… Le club Français du chien de défense et de Police va suivre le courant et offrir à ses citoyens l'un de ces magnifiques concours le 06 & 07 Janvier 1908 sur la pelouse de l'hippodrome de Vincennes.

Cette fois, l'ivresse du Ringus primitus (humour) est au rendez-vous : Marche en laisse, refus d'appâts, rapport d'objet, garde d'objet, sauts variés (et autant que possible naturels), garde d'un prisonnier, attaque au commandement avec cessation comme garniture et retour au maître en plat de résistance (quand on s'imagine les bourins de l'époque, bonne chance) !!! On continue le périple avec une fausse tout en achevant les festivités par l'attaque surprise.

Jean Mimi c'est quoi une attaque surprise ?

Le maître se ballade dans un endroit inconnu et sera agressé par un apache qui surgira de nulle part, ha ha ha on savait se marrer à l'époque. 22 chiens furent engagés, BA, Airedales, Bas rouge, Picard, Hollandais et 3 Belges. L'épreuve fut remportée par Folette (Groenendael) appartenant à Mr Siméons de St Gilles.

Nota, la remise des prix de cette joute internationale fut en conséquence des efforts de nos chiens "belle " et " scintillante ".

Canada à Montréal Mme. Laramee Sylva 1922 palissade à  2m90 Tous ces exercices vont se lustrer et s'affiner d'année en année. Les exportations donneront le change aux exploits et les dits "exploits " vont se répercuter jusqu'au prestigieux Canada où le Malinois du même nom embellira l'Aréna (Montréal-Canada) le 14 Octobre 1922. Le Malinois grâce aux Belges s'exportera également en Afrique, plus précisément au Congo et bien sûr des analyses étayeront la thèse que ce chien est bigrement robuste ! Rien ne parait déstabiliser l'animal, donc, avec la complicité de cynologue averti…
Les concours vont méchamment se durcir. On parle d'en avant, de marche avec et sans laisse, de "coucher-assis-debout " à distance, de cessation nette, de coup de feu, de valise et plus de garde d'objet, de classement par échelon et même d'un programme spécial avec une piste intégrée.

Nota : Un exercice nommé "l'excellence " se verra retiré en 1912. L'épreuve étant une recherche sur le maître, nous pensons qu'elle figure comme l'ancêtre du pistage. La construction de ces disciplines vont s'avérer payantes et nous réalisons à quel point : De grands hommes ont travaillé de grand chiens, grâce leur soit rendue !

LES PREUVES DE COURAGE !

Les épreuves naviguent, le Ring devient "LA DISCIPLINE ". Il voyage et nous le retrouvons rapidos comme la référence Belge. Nous avons à l'inverse du Kennel, un autre visage disons, plus free style. Son espritUne des premières conduite du malfaiteur - Année 1925 - Chien Marc des Dahlias Parmentier à Auderghem changeant propose une multitude de possibilité. C'est clair qu'avec un outillage d'une telle intensité, les Malinois de la St Hubert s'affirmeront très vite avec Monarque, puis Boby de la Bruyere-Fraipont et naturellement Bollux et Balkus de Galifort. Mais attention, les Groenendaels qui (n'ayons pas peur des mots) étaient les seuls à pouvoir rivaliser avec le poil court montrent des dents blanches et affûtées ! Nerolo va talonner Boby en terminant prem's ex æquo en 1929, puis en mettant tout le monde d'accord en 1931. Rassurez-vous, nounours ou masqué…
De toute façon, la capitale du dressage se nomme Anvers où l'ensemble des champions "homme comme chien " sont devenus des héros. Frick de Contich, Egor et Clinox vont achever une décennie de suprématie Anversoise.

En 1936, les choses se compliquent .
Arlux, Ecarlo et Ilea vont gagner le titre tour à tour avant de laisser une place toute chaude à une machine de guerre appelé Snap. Ce terrifiant Malinois va remporter la coupe deux années de suite, chose encore inconnue et comme disait la vénus de Milo "les bras m'en tombent ".
Du coup le dit Snap va expédier son affixe le Van de Molenbeek au firmament des grands de ce monde et graver au burin nucléaire le mot "caractère " en lettre de noblesse. Malheureusement comme chacun sait, l'histoire fut blessée par une guerre qui n'épargnera rien ni personne.
Cependant, nous retrouverons nos irréductibles dès 1947 avec Marusi, Rarlo et l'autre ténor de l'époque Rachid de la Fraternité. Le dicton « à grand chien grand bonhomme » fut respecté à la règle, car ce Malinois appartiendra à l'un des piliers de l'utilisation mondiale Mr Schoenmakers. Véritable prodige, il va imposer sa griffe et se révéler l'un des plus grands dresseurs de tous les temps.

Tigris de l'Aérodrome, puis Vabil Van de Molenbeek vont boucler la boucle d'un demi siècle de suprématie masquée ! Puis coup de tonnerre dans les années 50, un jeune Tervueren nommé Xavier semble enclin à rivaliser avec les rapetouts. Le poilu de J Van den Broeck fera mieux que bien avec une victoire au championnat 52.
Nous retrouverons d'ailleurs des traces de Xavier sur nos pedigrees Frenchies, c'est dire !!!!

Pur descendant du terribilus Moab, il proposera une armada de compétence grâce à son union sur Fiderella eh oui, la base de chez base : Xavier / Fiderella donnera Gaillarde qui unie à Flap inondera le cheptel Français de 2 perles d'écume "Leopar et Leobaro ". Sauf que, le chapitre machine à hématomes est loin d'être clos. En effet : U'Tony, Vestalino et X'wimm vont également défrayer la chronique. Tous les trois sont sortis vainqueur en 53,54 & 55, nous retrouverons donc des traces de ces kikis sur de nombreux pedigrees tous azimuts. A ce petit jeu, le grand gagnant de l'époque est l'incomparable X'Wimm qui serait d'après la légende apparenté à Quip, rien que ça…

Rappelons que le dit Quip est juste pour la petite histoire l'ancêtre commun de Flap et de Rusky.
Point très important dans la continuité de notre champion, car la précision est de taille, haï !!!

ANVERS ET CONTRE TOUS !

Les concours battent leur plein et un diamant brut nommé Zircon scintille en 56. Puis en 57 Mr Van Den Broeck passe la seconde et son Bolide rafle le titre. Tandis que 58 est pour Cappi, 59 se fait "Désiré ". Le prem's étant U'Tony, ce même Désiré est donc le second ALSH à remporter le titre. ALSH comme chacun sait, est un livre d'attente… Suit 1960, qui ne va pas passer inaperçu avec un orage à l'horizon et Frank à J Van Der Linden sur le podium.La formule "Lanaken est au meilleur, ce que Malines est au poil court " n'a jamais aussi bien fonctionné. Bonne pioche avec le deuxième héros : Guilke à J Geraerts viennent de fouler les hautes sphères de la renommée.

Puis Eperon la seconde terreur de Maître SchoenmakersSchoenmakers dans les anneés 1970  va officier dès 1962 pour offrir un autre titre à son prodigieux dresseur. Ouille ouille, le temps se brouille avec 1963 et 64 qui vont dans l'évolution du chien de sport Belge devenir des dates charnières. Le génialissime Kiener grimpe sur 2 podiums, remarquez vu la prestance de l'ange masqué ce n'est que justice…

Vous l'aurez compris, le faramineux Malinois de J Thomassen remporte coup sur coup St Hubert & NVBK. Là encore, de nombreuses questions restent en suspension. En fait, tout à commencé par un désaccord entre dresseur et responsables. Une chose est sûre, le National Verbond se veut élitiste, rigoureux et déterminé. Beaucoup d'excellents dresseurs rejoignent ses rangs et dès 64 un championnat est mis sur pied.

Pendant 4 ans, nos amateurs éclairés vont applaudir l'invincible Kiener. Seul Jef à J de Jonghe va le dépasser en 65, sinon, l'indéboulonnable, l'ineffable, l'invulnérable Kiener remportera tout jusqu'en 68 où il laissera sa place à un autre titan Dick. Le malinois de R De Mits va lui aussi expliquer au reste du monde "comment qu'ça s'danse tout ça " !

Champion deux années de suite, dans une discipline aussi difficile revient plus à un exploit qu'à une prouesse et pourtant en qualité de chien taureau nous n'avions encore rien vu !!!

COURBEVOIE de Départ !

Les héros de Courbevoie 1922La création de nouveaux programmes va donner des ailes aux pionniers. Ca bouge en Europe et naturellement l'hexagone n'est pas en reste. Nous avons d'ailleurs d'excellents résultats, certes ils ne sont pas légion, mais bon…

Nous savons qu'avant 1961, il y avait des Malinois sur les terrains Frenchie's. La preuve en 1951 le vélodrome de Vaugirard accueille le championnat avec 10 BA, 1 Boubou, 1 Beauceron et 2 Bergers Belges. En 52 c'est la porte de Versailles qui s'y colle avec 12 participants.

Rencontre à souligner, car Vitouz va remporter le titre Français, il récidivera en 54. Ce Berger Belge talentueux ouvrira une brèche, néanmoins la coupe tourne autour de 3 à 4 sujets par tournoi. De 55 à 57, nous restons à Versailles, mais cette fois le championnat est intégré dans les fameux concours agricoles. Hyper réputé à l'époque ce type de démonstration se verra saluer par un public enthousiaste.


Les sélectionnés sont entre 12 et 15, nous compterons malheureusement que 7 BB pour ces trois années. Puis Courbevoie ouvrira ses portes en 58, nous sommes en plein règne du BA. Les quelques naissances de BB n'amènent pas assez de ténors afin de contrer la machine de guerre Allemande. D'ailleurs, beaucoup de Malinois récupérés sur le sol Français étaient dûs à des cadeaux, en effet :
Entre amis cela se faisait d'offrir un chien. Donc, en ce qui concerne le BB de travail, nous ne pouvions encore pas parler de lignée parfaitement structurée. Suite à ce point, nous comprenons mieux pourquoi, il n'y avait qu'un seul BB pour prendre le départ. En 59, deuxième coup de théâtre "2 BB ", dont un sur le podium Armand.

Au jour d'aujourd'hui, nous saluons les deux héros "Vitouz & Armand ". Grâce à leur détermination et à leur caractère, ils ouvriront la porte aux frangins. En 60 ouf ! On commencent à parler papiers, origines et force de constater que ça bouge de plus en plus sur notre territoire. Nous sommes toujours à Courbevoie et le petit nombre de BB tient toujours tête aux farouches BA. 1961 va devenir une date historique, on parle de titre et la Mecque de l'utilisation offrira ses lettres de noblesse à ce qui allait devenir "les sports canins " !

Certes, il n'y a pas de quoi la ramener, mais ça se précise ! Le jury de l'époque Mrs Tramazaygues, Aujolas & Boithiot vont devoir départager 12 furax dont 7 BA, 3 BB, 2 Beauc et 1 Briard. Bizarrement, pas un seul Malinois sur la ligne de départ, 2 Blackos et 1 Tervur vont devoir accrocher les wagons. Mission accomplie avec Djinn à Mr Markowicz, ce Groenendael fera honneur à la race en se plaçant milieu de tableau. Etou (l'autre noir) & Echo de la Scierie de l'Ile réussiront néanmoins une belle prestation. Les pointages anarchiques de l'époque ne peuvent malheureusement rien prouver…
Les situations font que nos athlètes peuvent taper un 360 comme un 240. Les structures de pointages oscillent entre 280 et 340, ce qui pour l'époque ne porte aucun préjudice pour la bonne continuité des épreuves. Si de 51 à 61, nous ne pouvons que parler de "Berger Belge ", 1962 va être le déclencheur du séisme Malinois. Le noyau dur des inconditionnels du poil court va trouver un chef de file en la personne de François Wasels. Personnalité charismatique, cet homme exceptionnel va officier dans divers domaines. D'une maîtrise hors du commun en analyse morphologique, il va rapidement déceler les bons côtés de notre "futur " masqué.

Nous l'applaudirons régulièrement aux coupes de Frances et autres championnats toujours accompagné d'un fabuleux Malinois ! L'homme est d'une complémentarité époustouflante et notre Berger Belge lui doit beaucoup.

Nota : Le Club des amis du chien, plus connu sous le nom du Club de Courbevoie fut l'un des premiers club de chien d'utilité Français et cela dès les années 20. Ils ont ouvert les portes du dressage et implanté des structures solides dans notre pays, des purs et durs, quoi !

COURBEVOIE D'axée !

Reconnaissons que cette commune des Hauts-de-Seine est judicieusement placée. Située dans la banlieue Nord-Ouest de Paris, tous les chemins mènent à Courbevoie ! Cependant, l'incomparable dévotion de nos cynophiles n'est pas une légende. Imaginez le périple d'un Sudiste et les pérégrinations d'un Chtimi pour accéder à la coupe à cette époque. Les moyens de locomotions n'étant pas top et quant au niveau finances…

Je n'ose envisager les sacrifices imputés pour arriver au championnat ! Ces personnes nous ont montré l'exemple et ouvert des voies. Ils ont fait en sorte que perdurent nos disciplines et ça "ne l'oublions jamais ".

Pendant qu'un séisme en terre plate battait son plein, les finales 63 et 64 Françaises suivaient leur petit bonhomme de chemin. Nous suivons les aventures de Flip, le fauve de Mr Wasels et de Echo le poilu de Mr Paillard. La route des championnats est bien longue pour nos Belges, cependant nous comptons un petit nouveau dans les rangs masqués, c'est Jamin à Mr Vanderbecque de la St Hubert du Nord. Puis, la page Courbevoie va se tourner en laissant d'innombrables souvenirs à ses élus. En effet :
Nos héros des Rings vont devoir s'affronter en divers terrains et dès 1967 Orléans va organiser THE finale apocalyptique…13 adeptes ( chien en blanc inclus ) vont en découdre à la chevrotine, les gaillards remontés à bloc vont offrir aux spectateurs venus nombreux une coupe anthologique !!! 5 Belges au départ, dont un sur le podium… Il est noir comme l'ébène et fort comme un chêne :
Morgan du Parc de l'Hay va casser la baraque et offrir aux fans au bord de l'apoplexie un podium inoubliable. Kaban à Mr Straumann et Murky à Mr Orlandini vont déchirer et puis bonne nouvelle :
les affixes arrivent enfin.

•  Le bois d'Emblise avec Noracky, poil court adulé par une génération.
•  Van de Grenstraat avec Nerk. Idole incontestable et faramineux étalon.
Les dés sont jetés, les rapetouts grimpent au poteau et à mi-course, plus personne ne les fera redescendre !

En terre sainte, ça s'agite. Heist le poil court de J Leyssens s'octroie le titre St Hubert. Eperon le devance en 65 et Kapi en 66. Au Verbond ça bastonne sévère, mais le king c'est toujours Kiener. La scission Belge va proposer une diversité de bêtes de guerre et c'est ainsi qu'un dresseur va propulser à la suite, une masse de champions plus terribles les uns que les autres. Mr Schoenmakers revenu avec Eperon allait annihiler sa région pendant une décennie ! Son Attila des terrains se nomme Metteko et là le terme époustouflant n'est pas trop fort !

Champion en 67, 68, 70 et 71 rien que ça…

Si le fauve est mortel, l'homme ne l'est pas moins. Seul Lest à Mr Heremans viendra gripper le rouage en 69, à part cela Alphonse Schoenmakers de lion régnera en Maître incontesté sur sa planète !!! Notons, que la Belgique regorge de stars, avec les Van Den Broeck, Tailleu et autre Thomassen, le plat pays n'est pas en reste. En 68 & 69, c'est R De Mits et Dick qui seront aux firmaments des icônes, le NVBK va devenir l'institution de la difficulté dans le travail et le Malinois par atavisme va suivre un mouvement initialement construit sur la rudesse de l'emploi…

Je vous laisse imaginer la suite !!! Rien que du bonheur dans la prise en gueule "ouille ".

ON NE PERD PAS LE NORD !

La France est loin d'imaginer un tel succès, pourtant la bourrasque Belge s'étend et frôle même la région Nord, quelques temps après : « Normal diront certains, inévitable répondront les autres… » A la base de Léon Destailleur sur Vass du Faubourg des Postes en 1974 à Mouscronl'insurrection "un homme ", véritable prodige du costume en Belgique, il semblerait que ce solide gaillard s'intéresse à la cynophilie d'utilisation en général ! Et voilà, que l'on parle de plus en plus d'un dresseur frontalier qui soit disant réussit tout ce qu'il touche et pour cause : Maîtrisant plusieurs programmes, Léon Destailleur va devenir le sportif qu'il faut connaître absolument. J'évoque le mot athlète, car l'homme en est un.

Infatigable, déterminé et bigrement intuitif ne saurait argumenter mes dires, tant Mr Destailleur est exceptionnel. Il va transformer le dressage, chambouler les méthodes et démontrer ce qu'il avance par une efficacité telle que l'on ne peut que s'effacer devant le talent. Cependant, il restera humble, sociable et à l'écoute. Formant régulièrement des élèves, ses techniques vont rapidement faire le tour de France. Mais, le grand public va admirer le Maître dans ses œuvres en 68 durant la coupe de France organisée à Lille. 4 B-B ont répondu Banzaï, Neffer l'autre champion de Mr Wasels sera chien en blanc et de ce fait ouvrira les hostilités. Cette Coupe est grandiose, pourquoi ?

La crème des chiens est là, de nombreux acteurs ont fait le déplacement et ce n'est certes pas pour être figurant, mais surtout 2 Apaches "apocalyptiques " ne feront pas de prisonnier !!! Mrs Canetto et Saiko ne sont plus à présenter, leur sérieux etMulot à Léon Destailleur leurs applications à la tâche ne feront que révéler la puissance des "furies " engagées. Ca démarre poignée en coin avec un Nelko du Mas des Lavandes survolté, c'est bien simple :
Le fauve de Daniel Haest laisse les 7 B-A sur place. Le boubou du Doc Le Lann s'accroche, mais rien n'y fait… La déferlante est terrible. Puis, le dieu Léon arrive avec Mulot et croyez moi "l'heure est grave ", l'homme est attendu, regardé et au vu de son parcours applaudi, que dis-je ovationné !!!

Cette magnifique prestation sera perçue comme le renouveau d'un style et l'équipe de la St Hubert du Nord engrange les victoires. Néanmoins, en cette année 68, une ombre noire plane sur le stade et Morgan tel un Batman sorti de nulle part remportera la coupe.

Donc : Champion Morgan du Parc de l'Hay à Mr Fleury. Vice Champion Mulot a Mr Destailleur et médaille de Bronze Nelko du Mas des lavandes à Mr Haest. Depuis que les fans attendaient ce jour, ouf ! Enfin 3 Belges sur le podium…

Devant, cette performance inoubliable, les cynophiles de tout bord vont se questionner et réaliser l'importance, voire la nécessité de l'ensemble des programmes Européens et dans la connaissance absolue un homme va se révéler déterminant Léon Destailleur.

LES HEROS DU RING.

Je ne pouvais débuter cette nouvelle rubrique que par un cynophile hors norme. Les Fans du dieu Léon Léon Destailleurapprécient toujours un hommage rendu à leur Maître et vu le nombre d'adeptes, il s'agit ( pour ma bonne santé ) de ne pas les décevoir !!

En fait, tout a commencé, quand on m'a gentiment demandé d'aller en vacances pour une année tout frais payés, habillé, logé et en plus formé. C'est ainsi, que Jean Mimi se retrouva à Suippes afin d'aguerrir ses connaissances cynophiles. Dorénavant : Apprentissage, classe et marche au pas vont faire partie de mon quotidien. A peine arrivé, on me confia un Malinois d'origine hollandaise.

Ce chien magnifique allait m'initier aux joies de la castagne en prise aérienne. Exam en poche, me voilà récupéré par un CM dont le chef était un fervent pratiquant de notre bon vieux ring. La claque fut totale, un soir où je rentrais de mission. Notre fameux chef était en plein travail avec un Malinois civil. Celui-ci marchait à l'envers, sautait 2m50 sans élan, aboyait sur ordre, gardait une valise et tout cela avec une facilité déconcertante.

Le chef remarqua vite l'intérêt que je portais durant les séances et je ne le remercierais jamais assez de m'avoir mis le pied à l'étrier. De fil en aiguille, il me chargea de m'occuper de sa merveille, un nommé Toy. Athlète fabuleux, issu directement des Loups Mutins, il possédait un cœur de 30 kg entouré de poil. Le choc fut total et 3000 questions se bousculaient Sandor du Mouscronnais champion Ring 1973dans ma tête. Mais celle qui revenait inlassablement était : « Comment avons-nous fait pour récupérer de tels bolides sur notre territoire ? » Après avoir harassé le big boss pendant un trimestre, celui-ci me proposa de racheter un jeune Malinois.

C'est un petit fils de Typtiz du Mouscronnais me lança t-il ? Le sien étant un descendant de Tann, je subodorais le bon plan, l'affaire fut conclue et voilà comment Jean Mimi s'empêtra dans les phases de débourrage. C'est de retour à la vie civile, lors d'un entraînement à Ardillère (Charente) que la lumière se transforma en halogène… Mon premier Maître et ami Alain ( et oui, j'eu la chance d'avoir un Maître faramineux qui possédait outre une science du dressage pointue, une culture cynophile tout à fait édifiante ) Savignat me lança la phrase qui tue : Pour toi passionné de malinois, il faut absolument que tu rencontres "Léon Destailleur ". Cette aventure est arrivée un soir que nous étions entrain de débattre "origines " et "hérédité " et ce n'était pas la première fois que j'entendais parler du célèbre Léon Destailleur.

Ce nom me semblait proche et bien entendu le flash back me renvoya une paire d'année en arrière. J'allais garder la suggestion en poche sans trop y croire. C'est clair que je n'imaginais pas accoster un titan de cette envergure comme ça de but en blanc ! Rapatrié dans la région Centre , je fis la connaissance d'autres pointures comme Jacques Notter & Michel Picaut qui eux non plus ne tarissaient pas d'éloges sur le précurseur. Mais bon… Vous savez ce que c'est :
le temps a passé et de concours en coups de dents, de tarde à décrocher en tournois "mine de rien, on en bouffe des bornes ". Nous voilà en compet dans la Sarthe et devinez ? Le club se nomme "cercle de dressage Léon Destailleur ", naturellement : Tout le monde évoquait les aventures du héros…

Perso, j'ai pris ça comme un signe ! J'ai donc commencé à poser quelques questions (en fait la légende comme quoi, je questionne beaucoup est partie de là sans doute ), la réverbération de mes interrogations se noya vite en positif. En effet : Pas une seule réflexion négative, tout ce qui a trait au Maestro n'est que bien fondé. Nous lui devons beaucoup affirment les anciens, tant par ses techniques d'H-A que par ses connaissances cynologiques et puis « tu sais (me lâcha un passionné ) il était vraiment bon en tout ! » Bon sang, la messe est dite. Il faut que je rencontre le saint Homme.

ENQUETE DE LIBERTE !

Le fait est, que pour enquêter, j'ai dû parcourir quelques années. L'homme ayant demandé sa retraite, il fallait respecter cela. De toute façon, je ne me voyais pas débarquer (quoi que) comme ça un beau matin "toc toc ", cher ami, je suis un fan pouvons-nous nous parler !!! Le Maestro m'aurait peut être envoyer balader ou mieux encore "tient mon gaillard, je te présente l'arrière petit fils de Mulot et tu as 10 secondes pour tracer la route ". Je plaisante naturellement, car connaissant l'homme "nous aurions sans doute parler Malinois devant un bon kawa bien chaud ".
Donc, patience est mère de vertu, il me faudrait encore étudier avant de converser avec le génie. Mes recherches m'emmèneront à la genèse (voir partie 1) où jusqu'en Belgique son nom est synonyme de fabuleux. H-A extra lucide disent les uns, dresseur exceptionnel disent les autres. Si vous ajoutez à cela "éleveur hors norme " & "juge clairvoyant, inventif et rigoureux ", cela fait beaucoup pour un seul homme. Pourtant, j'étais encore loin du compte !

Comme, chaque année nous nous préparions tranquillement pour notre pèlerinage via Hoboken. En ce jour d'été, la capitale des "mordus du mordant " offre son célèbre tournoi où les dieux du Verbond vont nous faire profiter de leurs talents.
Afin de ne pas perturber l'organisation, nous avions comme habitude d'arriver de très bonne heure, ceci afin de prendre place (l'organisation du grand tournoi au Verbond vaut à elle seule un article, nous y reviendrons).
Les dites places sont réservées et numérotées eh oui : On ne s'assied pas n'importe où… Nous nous installons dans le carré VIP pour admirer le chien en blanc. Son parcours à peine terminé, je félicite mon voisin francophone pour leur goût en matière de décoration. Il me remercie chaleureusement en me balançant l'info du siècle "ce jour est grand, nous recevons une illustre personnalité ". Ah bon (je réplique), notre ami m'explique qu'ils reçoivent Léon Destailleur, que la journée lui est dédiée et qu'ils en sont très fiers. Mon sang ne fait qu'un tour, je vais enfin connaître le maître absolu. L'ami Flamand se lève et rajoute "j'espère qu'il en sera heureux, car pour nous c'est un exemple ", puis disparaît aussi sec en nous laissant tous pantois !

En milieu de matinée "effectivement ", le patriarche prend discrètement place dans le clan Français. Trop discrètement sans doute, car après le passage du second concurrent l'épreuve s'arrête. Le speaker empoigne son micro et explique (en quatre langues quand même) le déroulement du concours. Puis, d'un ton grave interpelle l'assemblée : " Mesdames et Messieurs, nous avons l'immense privilège de recevoir aujourd'hui à Vinkenvelden un homme d'exception en la présence de Léon Destailleur ".
Le public Belge (toujours poli et bien élevé) qui jusque là était vraiment accaparé par le spectacle, se lève comme un seul homme pour acclamer le géant. Il fut applaudi de telle sorte que nous autres Frenchie's on en avait la chair de poule. Mince quelle claque et quelle initiative… Mr Destailleur salue la foule et reçoit en retour une tonne cinq d'applaudissements. Les fans se rassoient et l'ami Léon nous glisse d'un regard complice "et les gars, si après ça : je ne prend pas la grosse tête " !

L'homme a en plus un solide sens de l'humour et nous voilà partis d'un rire communicatif. Les présentations achevées, le dimanche s'annonce super chaud… Nous sommes avec le gratin Français, les meilleurs Malinois du moment et les explications de Mr Destailleur. Inutile de vous dire que ce jour reste pour moi l'un des plus beaux de ma vie cynophile !!

COMPREHENSION, TACTIQUE & REFLECTION !

Les échangent verbaux furent explicites. Tout y passe, de l'analyse des programmes au choix d'un étalon. A l'aise en tous points, le maestro n'a pas pris une ride. Ses directives sur l'atavisme fusent, son œil rapide découpe les parcours au scalpel à neutron et sa dextérité en matière de port du costume nous réexpédie au cours préparatoire. En une journée, Mr Destailleur forgea un inventaire cynophile tellement puissant, qu'il laissa tous les puristes "bouche bée " avec réanimation obligatoire au magnum d'oxygène. En une seule après-midi, nous avons compris l'importance de son talent et de son influence sur l'évolution de nos sports canins contemporains. La pluralité de ses actions en matière d'élevage se mélange au désir de formater un grand, un magnifique, un super Malinois. C'est bien simple, rien que le fait de l'écouter "rend déjà intelligent ".
En théorie de dressage, merci pour les diverses techniques dont les fameuses prises aux jambes et merci pour le reste… Jusqu'à sa prestation dans le costume, qui enrichirent les pharmaciens à cause d'un grand nombre d'ulcères provoqués par ses barrages et autres diableries dont il a le secret. Eblouis par tant de connaissance, il fallait lui renvoyer un gage de respect et c'est bien logiquement que le club de race (en l'occurrence ses plus grands fans) lui rendent hommage. Mais comment ?

L'idée germa du cerveau de notre confrère et ami Xavier Leroy en pleine réunion de CU… Il faut absolument décerner un challenge à ce grand homme. Voté à l'unanimité puissance 10, il ne manquait plus que l'aval de l'intéressé. C'est à moi, que la mission fut confiée et connaissant la modestie du Maestro, hum… De le convaincre n'allait pas être de la tarte ! Après quelques explications (millimétrées, ciblées et approfondies) par votre serviteur, Léon accepta volontiers. Ouf ! Le challenge Mondioring de notre nationale d'élevage se nommerait à présent "le Challenge Léon Destailleur ".
Le CFCBB l'invita à St Denis de l'Hôtel pour l'inauguration. Là encore "journée torride ", récompense, discours d'André Varlet, ovation à la Vishnou , dîner officiel et tout le toutim. En ce qui me concerne, un week-end passé en sa compagnie à l'écouter et à comprendre me comblait déjà largement. Le fait est qu'en fin d'après midi, il ne me restait même pas assez de salive pour coller un timbre.
Cependant, il m'est difficile de raconter en partie sa vie cynophile, j'aurais trop peur d'omettre une action déterminante, voire un passage essentiel. Aussi, je l'ai convié à répondre à quelques unes de mes interrogations. Vous allez me rétorquer : Sacré Jean Mimi, tu as réussi à les placer quand même, tes questions ?
Et je vous répondrai OK, mais cette fois c'est pour le bien être de l'humanité !
Alors, prêt pour cette nouvelle rubrique ? Accrochez vos ceintures en granit cette fois, car la descente va être vertigineuse.

PORTRAIT D'UN GRAND ----- GO !!!

Nous sommes en pleine nationale d'élevage, il fait très beau voire chaud. Le soleil culmine quand un éclair frappa les fidèles. Léon Destailleur escorté par un André Noël plus en forme que jamais s'approchèrent des Rings. A gauche le Mondio tambourine à coup de guirlandes de bouteilles plastifiées et à droite les obsessionnels du tarde à décrocher distribuent hurlements et cessations…
Les deux compères sont ici chez eux, c'est clair qu'en les voyant réjouis de la sorte on imagine une satisfaction imprégnée de fierté, d'intégrité et de réalisme. Etre les précurseurs, acteurs et maintenant gardiens du temple ne peut qu'attiser la curiosité des fans que nous sommes. Et vous allez me dire : Quand tu as Léon Destailleur ou à André Noël en discussion, ce n'est plus de la curiosité, mais de l'instruction… Et je vous répondrai 1000 fois, que vous avez raison !!!
Cette interview fut développée une première fois dans la revue du CFCBB, en voici l'intégralité pour chienplus.com

LEON DE LA PASSION AU GENIE !

Monsieur Destailleur bonjour et merci d'être avec nous. Vous allez ainsi, nous faire profiter de votre avis sur l'ensemble de la cynophilie d'utilisation. Mais avant tout, nous aimerions savoir comment tout a commencé ?

Mes beaux-parents étaient commerçants "marchands de charbon et marchands de pommes de terre ". Ce type de métier me plaisait bien, car j'avais débuté très jeune par des activités manuelles. A cette époque, tout travail de déchargement était comparé à un défi sportif.

Il y avait des champions de la pelle qui déblayaient un wagon en 20 minutes et bien sûr nous voulions les imiter, j'ai donc appris à manier tout ça. Quand j'ai connu ma fiancée, j'ai su que son père était commerçant, je me suis mis en tête de lui faire une démonstration. Si tu es à ton compte, tu peux prendre le temps que tu veux, mais nous ne pouvions pas et le chef passait en hurlant "alors les gars, il n'est pas encore fini ce wagon " ( rire ), il fallait en mettre un coup ! Il fut donc réceptif à tant d'efforts… Historiquement, la guerre venait de se terminer et mon beau-père décide de lâcher son affaire et nous propose de la reprendre.

Quelques temps après nous subissons un cambriolage. Ma femme me suggéra d'acheter un chien. Nous récupérons un BA et je tente de lui expliquer "comment il doit agir ". Puis, j'entends parler de club de dressage pas très loin de chez moi. Je m'y suis donc rendu, mais après quelques séances, la progression n'était pas probante. Bien que novice, je me questionne sur le talent des instructeurs. Qui plus est, je voyais bien que mon chien était loin d'être un foudre de guerre ! Un beau jour que nous attendions l'homme d'attaque, deux solides gaillards pénètrent dans l'entrée du petit bistrot.
Je sentais bien qu'ils étaient chagrinés et je me suis bien vite demandé ce qu'ils allaient penser de nous…Mon voisin me glisse à l'oreille : « Mince voilà deux champions et nous n'avons pas d'H-A !!! » Un des deux sportifs s'approche en me toisant du regard : Dis mon gars, tu es bien hardi, tu ne voudrais pas mettre le costume pour nos Malinois ? Je l'avais porté quelquefois pour m'amuser, mais jamais dans ces conditions. Les deux Flamands attendent ma réponse et je leur explique "que je ne sais pas faire " et qu'il va falloir me guider. Pas de problème, rétorque le second et nous voilà partis. Le premier Malinois que j'ai reçu m'a percuté avec une telle violence, qu'heureusement le piquet de palissade placé derrière moi était bien enfoncé dans le sol. Rapidement, j'ai pris de l'aisance et je pense avoir était prédisposé à cela d'une façon innée ! D'ailleurs, les gars m'ont assuré "que je ne m'en étais pas mal tiré " ( rire ).

Vous vous êtes passionné immédiatement ?

Tout de suite, j'ai été mordu, c'est le cas de le dire !
Les Messieurs en fin de séance ont bien voulu dialoguer avec moi malgré le barrage linguistique. L'un deux m'a dit "tu ne nous reconnais pas " ? Tout en sortant de son portefeuille une photo de deux gendarmes. Je les ai remis de suite, ils m'ont questionné sur mon emploi du temps et m'ont fait une proposition que l'on ne peut refuser. Ils m'apprendront, si je porte le costume pour eux !

Ce fut un apprentissage difficile ?

Pour celui qui voulait suivre et travailler, je dirais non. Mais, il fallait s'atteler à la tâche. Par exemple, un jour je devais travailler le rapport d'objet lancé… Naturellement, mon chien me le dépose à un mètre. Je leur explique ce problème et comment je m'y suis pris. Ils me répondent "tu as travaillé l'envers, il faut dans un premier temps que le chien garde l'objet avant de le lancer ".
Tu as compris la nuance ?
Je réponds "oui bien sûr " et à eux d'enchérir "tu as 15 jours pour réussir l'exercice, après nous allons nous occuper de toi " ( rire ) !!!

La méthode est très sévère ?

Au bout de 15 jours, tu peux croire qu'il le faisait. Je ne dis pas qu'il n'y avait pas de raté, mais l'ensemble demeurait satisfaisant. Devant mon insistance, je reçu une approbation du style "ce n'est pas parfait, mais on voit que tu as travaillé ".
Puis tout s'est enchaîné, j'ai eu le privilège d'une grande école : Stratagème, tour de main, technique et tous les trucs qu'on ignorait me furent enseignés.

Cet apprentissage vous a conduit directement à l'élevage ?

Non pas tout de suite. J'ai vraiment voulu apprendre avant d'élever. Après un sérieux bagage, j'ai acheté une chienne qui tirait le triporteur d'un boulanger. Je la croisais souvent dans la rue et un beau jour, je salue le boulanger. En discutant, je lui pose quelques questions sur sa chienne. Celui-ci me répond bien gentiment qu'elle a bientôt fini sa carrière.
En effet, il venait de faire l'acquisition d'une voiture. Je l'ai acheté sur le champ et elle m'a donné un Typitz. Il faut savoir qu'elle était la fille d'un champion Belge de l'époque et 26 ans plus tard, j'ai eu un chiot unique dans une portée et c'était Typtiz du Mouscronnais.

Comment avez-vous sélectionné les étalons ?

C'est une question que l'on me pose toujours. Je n'étais pas un grand connaisseur, mais la chose qui m'a beaucoup aidée est la connaissance des sélectionneurs interposés, en l'occurrence les dresseurs Flamands. Ils venaient sans relâche à nos concours, l'un avait un fauve, l'autre avec un lion etc…
Je n'avais que l'embarras du choix.
Tout en discutant, les gars me disaient "ça va les chiennes, tu n'as pas de saillie en prévision, car j'ai un bon en ce moment ".
Pour raccourcir les distances, on s'écrivait et il n'était pas rare de se retrouver dans les cours de café avec une bonne chienne et le champion local, c'était féerique !

C'est comme ça, que vous avez utilisé les fameux Van de Molenbeek ?

J'ai découvert les Van de Molenbeek un peu plus tard. Justement, nous avions sollicité tout près de Gand un descendant de Sirol (ami lecteur le dit Sirol est à lui seul une légende, nous y viendrons bientôt, place à Léon) le nommé Gary. Son propriétaire m'explique que c'est le plus jeune de ses étalons et qu'il peut servir à ma cause. Voilà, comment j'ai utilisé ses souches et bien m'en a pris. A partir de cette période, j'ai toujours conservé une fille, puis une fille etc…
A tel point, que j'ai réussi à formater ma propre lignée. J'avais réclamé des formulaires de pedigree et j'inscrivais méticuleusement une dizaine de générations.
En fait, on l'employait comme un journal de bord et l'on pouvait s'y retrouver facilement. Cependant, la réalisation de ce courant de sang était ma fierté, j'étais vraiment heureux d'avoir mes neufs femelles en suivant.

Est-ce à ce moment, que vous avez décidé d'employer Flap ?

Exactement, tu connais bien tes classiques ( rire ). Les Van de Molenbeek étaient de très grands chiens de travail, mais il n'étaientt pas très harmonieux et vraiment rudes. La première fois que j'ai vu Flap, il m'a semblé que les amateurs du Kennel étaient plus regardants sur l'esthétique.
Flap était excellent au travail, mais également en type, il ne fallait pas être grand clerc pour deviner "l'étalon à l'état pur " !

C'est grâce à Flap que vous avez connu Mr Schoenmachers ?

Non, je le connaissais auparavant. J'avais porté le costume dans les concours en Belgique et nous nous étions croisés. J'avais d'ailleurs été plusieurs fois son adversaire et comme souvent en Belgique, lors d'un test qui semble inconnu pour un chien, ils débarquent tous chez moi séance tenante. Ils voulaient que je recommence ce que j'avais fait dans le concours, afin de travailler en conséquence. J'étais estimé, mais je faisais toujours mon possible pour leur rendre service.
La première fois que j'ai vu Schoenmachers chez moi, il était avec son épouse, heureusement Francophone. Etrangement, le dialogue ne fut pas plus dur avec lui. Sans maîtriser la langue, je connaissais les termes de dressage, de ce fait nous arrivions facilement à communiquer. Inutile de préciser qu'avec cet homme, il valait mieux être précis.
Son dressage était très au point et ce fut un enchantement de pratiquer avec lui. L'entraînement achevé, il entre dans mon bistrot et dit à sa femme "cela fait vraiment plaisir de travailler avec un si bon H-A ". Sa femme retranscrit à la mienne, qui était bien fière que l'on pense cela de son mari ! Je pénètre à mon tour dans le café et je lance à ma femme "ça fait plaisir de travailler avec un dresseur aussi bon ".
Nos deux femmes se sont mises à rire et m'ont avoué qu'elles avaient eu la même réflexion, nous avons donc trinqué au respect mutuel.

Depuis le départ de cette interview, je m'aperçois que le costume détient une place prépondérante dans votre vie cynophile.
Avez-vous de bons souvenirs en tant qu'H-A ?

De nombreux, un jour béni, on me réclame pour le championnat de Belgique. Les Belges sont plutôt discrets et il y a rarement d'articles élogieux sur une représentation. Si le gars était correct, ils diront "c'est un bon, point final ". Cependant, la première fois que j'étais au championnat, il fut écrit un article me concernant, vraiment touchant…
Je n'avais pas les revues Belges et c'est le juge avec lequel j'avais officié qui m'avais posté le compte rendu. Cette coupure de 1955 disait :
L'H-A d'aujourd'hui est particulièrement subtil, de plus, il travaille tous les chiens de la même façon en présentant des difficultés similaires, etc… Ce fut bref, mais il n'y avait que des compliments.
J'ai conservé cet article durant un demi-siècle ( rire ).

En cinquante années d'expérience, comment analysez-vous l'évolution de nos sports canins ?

Ce qui me choque aujourd'hui et tout au moins en Ring, c'est que plus le chien est bon et plus on lui fait de grimaces. De ce fait, le travail n'est plus identique et ce n'est pas dans l'esprit. J'en veux pour preuve la garde d'objet du Cht F.Wasels (année 2002), car elle fut différente pour chaque chien.
En ce qui me concerne le Mondioring comme programme m'a bien plu. Aujourd'hui, il fut accessible. D'ailleurs, il n'y a eu aucune contestation de quoi que se soit. Le jugement fut juste et les astuces pour mettre le chien en échec furent raisonnables. Je pense que pour l'instant, c'est comme cela qu'il faut travailler. C'est-à-dire que personne n'est déçu par le parcours, ni par le scénario. Le meilleur a gagné et on remarque malgré tout, que certains chiens travaillent mieux que d'autres.
Ces réflexions sont primordiales, car l'intégration de l'exercice fut dans la continuité du parcours avec des fortunes diverses naturellement, mais rien d'irréalisable et c'est très bien. D'ailleurs, j'ai manqué à tous mes devoirs, car j'aurais dû féliciter le juge Mr Schott de cette réalisation (chose faite à présent). Tout s'est parfaitement enchaîné et nous avons eu de beaux résultats.
Je ne dirais pas la même chose du championnat de Damparis où il y avait une succession d'exercices peu probables à réaliser.

Vous pouvez préciser ?

En fait, l'attaque avec les deux arrosoirs m'a posé un problème, car elle était pratiquement irréalisable ou tout du moins aléatoirement réalisable. Si on se réfère aux feuilles de pointage, le temps de mordant devient trop précieux. Certes, il y en a quelques uns qui ont passé, mais ce n'est pas une raison pour mettre tous les autres en échec.
Enfin bref, en Mondioring, il faut bien peser les difficultés de façon à ce que les chiens puissent suivre. On attend aussi des conducteurs, car ils doivent bien entendu apprendre afin de maîtriser ces exercices et petit à petit, nous aurons de grands championnats. Pour l'instant en vue de promouvoir cette nouvelle discipline il faut relativiser.

(Mr Destailleur m'interpelle) Combien as-tu sur la face obstacle au championnat ?

J'ai 3 secondes de tarde à mordre et 3 de décrocher (à ce moment quelqu'un me tape sur l'épaule) :
C'est bon, ta chienne à eu son quota (rajoute André Noël en riant)…

(Mr Destailleur reprend) : Ce n'est pas étonnant, vu la dureté de l'attaque. Je m'explique, il y a bien longtemps, j'ai fait les championnats de Belgique (programme exclusivement axé sur l'artifice) dans le costume. Je me positionne et j'attends les directives.
Il y a trois juges avec trois avis différents, de ces mêmes avis je tire un amalgame et je leur montre la finition sur le chien en blanc. Cependant, de mon attitude diffère une règle très stricte qui stipule : Je dois obligatoirement barrer avec l'accessoire, mais toujours en laissant une ouverture au chien. Bien entendu, il doit la découvrir de lui-même, car cette brèche demeure visuelle. Ainsi, le chien peut braver l'artifice en affrontant l'H-A et cela ne diminue en rien les initiatives que ce même apache peut prendre. Par exemple (il se lève et mime) avec mon bâton sur une attaque normale, je me tiens face au chien en barrant de cette manière (à la vue de sa posture, croyez-moi le mot est faible).
Je le provoque dans un "attention, il va falloir passer à travers ", tout en prenant les précautions nécessaires pour ne pas le toucher avant la prise, puisque c'est défendu !! Bref, il y en a un qui passe et qui me mord dans l'élan. Persuadé qu'il a gagné, je le touche. Il voit arriver mon bras, il tente de l'attraper et là, je le fais tourner un petit moment. Le parcours continue et nous voilà sur la seconde attaque, il arrive de la même façon, mais cette fois je l'attendais…
Il arrive dans la jambe, car il était pratiquement impossible d'aller en haut. Je réitère la menace et le voilà à claquer devant sa prise sans succès. Il n'a pas réussi à tenir, il ne va pas mordre ! Pour moi, cette action relève d'un grave défaut, le chien aurait dû garder sa prise et le public Belge a applaudi.
Le chien a perdu tous ses points, mais il a eu sa chance, la démarche est donc différente.

Puisque l'on en parle. Que pensez-vous de l'amélioration du Malinois ?

C'est difficile à dire, le mot amélioration est épineux. Il y a de nombreuses personnes qui m'ont affirmé que le Malinois d'aujourd'hui n'est pas le même que celui que j'ai connu. Mais pour bien répondre à ta question et André ( Noël ) sera d'accord avec moi…
Il faudrait que je les passe dans la toile pour me faire une réelle opinion.

( Léon Destailleur à André Noël ) Qu'en penses-tu André ?

( André répond aussitôt ) : Une chose est sûre, plus nous avons amélioré le Malinois pour reprendre ton terme, plus nous avons cherché à faire un chien pointu et plus nous avons progressé en équilibre. Or "l'équilibre " quand il y en a suffisamment, il n'en faut plus ! L'excès d'équilibre, comme tout excès d'ailleurs peut rapidement se transformer en vice.
Aujourd'hui, nous avons atteint le summum… Sur ce point stratégique, les Belges disent au sujet des gardes muselées "qu'ils ont besoin d'un chien fort face à un H-A cherchant à l'embrouiller " !!!

Pourquoi ?

( Mr Noël reprend ). En fait, la garde d'objet muselée détecte les caractères affirmés. L'H-A se présente avec des types d'accessoires très complexes et afin de le regarder, de se retourner et de frapper sans retenue, il faut vraiment rechercher l'excellence et c'est de leur avis, le plus dur à trouver. Donc dans ce caractère d'équilibre, il y a beaucoup plus de sociabilité, mais moins de violence. (Je médite un cours instant, sur la réflexion de Mr Noël, qui comme toujours est fort judicieuse, puis je reprends pour Mr Destailleur).
Nous avions tiré la sonnette d'alarme à l'époque de la mise en application du CSAU. Notre cheval de bataille avait été le brevet national en expliquant que le dit "brevet " était déjà la référence et que nous n'avions pas besoin du reste. Malheureusement personne n'a suivi et voilà le résultat, maintenant le CSAU est obligatoire. A votre époque, il y avait de sacrés lascars qui seraient loin de l'obtenir ce test ?

(Mr Destailleur semble perplexe). Je ne sais pas, mais en ce qui me concerne, je ne suis pas du tout intéressé par cette soit disant sociabilité. De mon temps elle existait, mais nous n'en faisions pas cas. Premièrement, nous avions une maxime, le chien était avec moi, donc interdiction formelle de le toucher. Si quelqu'un insistait, on lui disait "stop, c'est le mien, pas le vôtre ".
On ne voulait pas qu'un inconnu caresse nos chiens et malgré tout nous n'avions jamais de réclamations. Mulot qui n'était pas commode, n'a jamais créé de problème, sauf avec moi (rire, ledit Mulot se rebellait souvent sur le maître).
J'ai toujours pris mes dispositions pour que tout aille bien, c'était un vindicatif aigri et très hargneux. Fallait-il que je m'en débarrasse pour autant ? Certainement pas… Et je l'ai prouvé, car il n'est jamais rien arrivé à une personne étrangère, quant il était avec moi bien entendu.
En fait, ça fait un tout, tu connais ton chien donc intuitivement, tu sais comment le conduire et tu sais ce qu'il faut et ne pas faire. Cela ne répond pas clairement à ta question, mais je t'en pose une à mon tour. Faut-il vraiment exagérer la sociabilité ?

(André reprend la parole) : Cela revient à ce que l'on disait tout à l'heure. Nous avons peut être accentué la sociabilité donc l'équilibre. Constatation, tout ça est merveilleux, si tu demandes rien à ton chien. Mais que se passe t-il devant un affrontement du type garde muselée ? La remarque des Belges se justifie ! (Léon rétorque), nous avions aussi des chiens à double emploi, hors le sport, ils étaient également gardien d'immeuble ou de propriété. Mulot en était un redoutable, j'en ai eu d'autres par la suite.
C'était des durs, ils ne reculaient jamais, il fallait faire attention et cela même avec les membres de ta famille. Il n'était pas question de rentrer par une porte dérobée ou sans s'annoncer, ce qui pouvait arriver chez moi étant commerçant. Un jour, ma belle-sœur s'est permis d'entrer par la porte cochère, certainement pour gagner du temps.
Ce diable de Mulot l'a interceptée et elle a eu la frousse de sa vie. Heureusement, j'étais présent et je l'ai stoppé net. Je me suis aperçu de jour en jour que mes chiens gardaient ma propriété. Aujourd'hui, je ne suis pas convaincu de cela.

Puisque l'on évoque les chiens, lesquels vous ont le plus impressionné ?

Les Malinois Belges. J'ai eu la chance de porter le costume des deux côtés, de ce fait, je pouvais comparer les qualités respectives de chacun. Je peux affirmer que c'était de la fantaisie en France, j'avais écrit des articles sur ce sujet. Au moment où je me suis introduit en France, j'ai d'abord écumé tous les concours de Roubaix*Tourcoing. A l'époque, c'était amusant, toutes les rues avaient leur club. Mais, nous n'étions pas dupes, tous les chiens manquaient "de tripes " et même sans porter le costume, c'était flagrant, c'est peu dire ( rire général ) ! Du coup, j'ai entamé une campagne contre tout ça. Premièrement parce que les H-A masquaient les problèmes. Sur un entraînement, ils se plaçaient (il se relève et mime à nouveau un barrage, qui hum… n'a rien à voir avec le sien) "tac tac " en appel et ils donnaient la prise. Bien sûr, les meilleurs attrapaient, mais les plus faibles tenaient aussi et comme souvent les moins mordants sont les plus malléables et donc retranscrivent une plus belle obéissance… Nous étions battus par des moyens voire des nullités ! J'ai demandé expressément aux H-A de se remuer et d'être plus incisifs, afin de départager correctement les valeurs de chacun.

Cette campagne a-t-elle porté ses fruits ?

A l'issue de ce projet, je suis invité à Sucy en Brie, le premier mai. C'était une date immuable, car il y avait le Challenge Jean Chassin à remporter. Pour le gagner, il fallait être vainqueur trois fois de suite. Je me suis dit, c'est impossible, la qualité des chiens fera qu'un jour ce sera untel et l'année d'après un autre. Cette année là, je suis dans le costume et je suis loin de connaître la médiocrité des chiens Français.
Le président vient me voir et m'interpelle sur mes écrits.
Puis, il me tend la liste des concurrents, que je scrute avec soin.
Soudain, ce Président me lance "j'espère que tu vas nous montrer ce que tu as écrit "(Prenant André à témoin, car présent ce jour là ). Si je me trompe… tu me reprends !!! J'entendais les quolibets "on va voir, s'il est aussi fort dans son costume qu'avec son stylo etc … ", je me présente au juge et je lui demande quel type de barrage (deux étaient autorisés, vertical & horizontal ) il souhaite.
Il me répond, comme si la chose avait peu d'importance : "allez hop, un vertical " ! Il n'en fallait pas plus pour me motiver, c'est exactement ce que j'attendais. Sur 19 chiens engagés, 17 sont restés devant mon bâton ( rire ) !!! Les gens sur la touche commençaient à s'impatienter tout en grommelant des "aucun chien ne peut mordre, ce n'est pas normal etc… ".
Mr Courade (illustre dresseur et éminent spécialiste en Beauceron ) a pris ma défense et pourtant il venait de subir la mésaventure. Tout en analysant mon travail, il s'adressait au public en ces termes "chers amis, il n'est pas brutal, il ne touche même pas le chien. Les gens restèrent dubitatifs, néanmoins ils devaient se rendre à l'évidence, ce qu'annonçait Mr Courade était vrai !
Sur les deux courageux restants, un a retenu mon attention c'est Loustic ( B-de Beauce). Il m'a stupéfait, tant son entrée était spectaculaire, je n'ai rien pu faire. Qualou, le second m'a eu car j'étais épuisé. Néanmoins, je l'ai fait danser un bon bout de temps. André Noël  -  Roland Thibaut 2002( Rolland Thibault vient nous rejoindre et nous raconte l'étonnante virtuosité de Mr Destailleur notamment à la valise qui partait comme des petits pains, celui-ci gêné par tant d'honneur reprend ). Tout cela pour dire, qu'en Belgique cette aventure n'aurait pu se produire.

A chaque concours les gars devaient être très déçus ?

Cela est arrivé, mais la plupart du temps, ils étaient plutôt contents d'avoir vu quelque chose de différent.
D'ailleurs, ce fameux concours s'est terminé autour du pot de l'amitié. Je leur ai proposé de revenir l'année suivante (rire), mais cette fois avec mon chien (ouf !).
Ce concours fut une première, il y avait deux H-A qui finissaient systématiquement leur prestation parterre (rire).
Tu penses bien, que je ne suis pas venu qu'avec un seul chien… Il y avait Quacha, Mulot et Rac. (Rolland prend la parole et nous décrit le monstrueux Rac). En résumé, le dit Rac avait une mâchoire en acier trempé fixée sur une bombe à neutron, sûr que les apaches ont dû passer une bonne journée !!!
Donc première année Mulot vainqueur, seconde idem et de trois pour le satané Mulot. Le beau Challenge sera Chtimi…

Mr Destailleur peut-on parler à cette époque de l'avènement du Malinois ?

Léon Destailleur avec François Lelevier avec Djelaba - Fin des années 70Tout à fait, nous avions peu d'adversaires de qualité et, il faut bien le reconnaître "le Malinois " a tapé dans l'œil des dresseurs Parisiens.
Ce fut un véritable concours de circonstances, car les amateurs voyaient les Malinois mordre et les autres la gueule ouverte. Ne nous cachons pas l'évidence, beaucoup de ces chiens étaient bien mal dressés ! Une sorte de quête s'est mise en action, des amateurs venaient chez moi, ils s'intéressaient de plus en plus et c'est comme ça que j'ai connu un certain François Lelevier. D'autre venaient même acheter un Malinois et restaient pour les explications, de fil en aiguille la prolifération fut efficace (rire).
Tous les samedis on pratiquait et à voir les amateurs présents ce n'était plus un club de Mouscronnois, mais un club de Parisiens (rire général) !!!

Vos techniques de dressage sont maintenant un cas d'école. Nous pratiquons tous avec quelques choses de Léon Destailleur et parfois il arrive que vous ne soyez pas d'accord avec les formules modernes, dont l'en avant pourquoi ?

Tu veux parler de l'histoire du boudin ou de la balle placée au bout du terrain. Il est vrai que le chien est plus rapide, mais il est dans l'esprit du rapport d'objet "pas d'un en avant ".
De mon temps les chiens faisaient cet exercice tout bonnement parce que le maître l'avait ordonné et cela sans qu'un artifice de complaisance les attire vers ce but. De même que souvent, j'expliquais aux débutants l'intérêt de la planche posée au sol et de la méthode progressive afin d'éviter les zigzags.
Il faut un peu de patience et persévérer dans l'application et surtout dans la finition de l'exercice. On retrouve cette problématique dans les rappels d'attaques où le boudin fait office de récompense.
Le chien lâche à l'ordre oui, mais pour obéir à son maître ou pour le fameux boudin ? Je m'étais d'ailleurs expliqué sur le sujet dans la revue "Sans laisse ".
Ne risque t-on pas de diminuer les intentions d'attaquer ? Oh bien sûr, le contre coup ne se fera pas sentir immédiatement, mais si la méthode perdure ?

Vous faites référence à l'atavisme ?

Eh oui, le fameux atavisme "travail " auquel heureusement la majorité des dresseurs croient maintenant. Il faut absolument être vigilant sur ce point et conserver de surcroît la véritable nature de nos chiens. Pour parler correctement d'atavisme, il s'agit simplement de regarder les autres races et de se faire une critique appropriée du développement de chacune.
Certains ont même insisté sur la confirmation avec des grands prix de beauté et leur race fut transformée. Pour nous amateurs de Malinois, la décision fut éclair. Nous les laissons tels quels… et le CFCBB (Club Français du Chien de Berger Belge) a fermé les yeux sur quelques chiens hasardeux.
Il faut bien l'avouer, à commencer par Mulot, les meilleurs au travail ne sont pas les plus représentatifs du standard imposé !

Pourtant Quacha était très beau ?

N'exagérons rien, c'était un amélioré. Il était large de poitrine et demeurait très puissant. Son propriétaire était persuadé qu'il était beau et il me cassait les oreilles pour le faire identifier en exposition.
Je lui rabâchais sans cesse qu'il se trompait et qu'il allait perdre "temps & argent ". Rien n'y faisait et nous voilà partis, le juge Belge qui l'examina lui a attribué un médiocre, car tu t'en doutes "trop costaud " !! Ce n'est pas difficile, je n'ai jamais eu de beau chien et quand je suis interpellé pour donner mon avis sur le type, je le donne…
Il est rare que je trouve beau un Malinois issu d'origine travail.
Je vais te donner un exemple concret : Tout à l'heure deux amateurs dialoguaient sur mon compte. L'un dit "il parle beaucoup, mais est ce qu'il s'y connaît en beau chien ? ", sa réflexion m'a fait sourire, car non seulement ma connaissance s'étend au beau chien, mais elle s'étire surtout en laid chien (rire général) !!!
Nous avons eu du mal à reprendre notre souffle tant la rigolade fut communicative.

Mr Destailleur, parmi tous vos champions lequel avez-vous préféré ?

Sans hésitation Typitz. Il était beaucoup plus réceptif et je citerais la problématique des Van de Molenbeek. Si on n'employait pas la force pour les faire obéir, ils n'obéissaient pas. Je passais du temps à analyser et comprendre mes chiens.
Je me débrouillais toujours pour savoir pourquoi ils ne faisaient pas. Mais les Van de Molenbeek étaient particulièrement coriaces dans la cessation. Sinon à tous niveaux, j'ai énormément admiré Flap et Vass.

André Noël lui demande : le Malinois symbolique entre Vass et Flap ?

C'est difficile, d'abord Vass était un descendant de Flap et il était également très dur à gérer. Les premiers H-A qui l'ont réceptionné finissaient toujours le nez dans le gazon et d'ailleurs quand ils venaient à l'entraînement chez moi, je me tenais toujours à une barrière tant il était brutal. Et pour toi André ? (Mr Noël répond) Il y en a quelques uns, dont Yttro, Xjellaba et Vass naturellement.
J'ai une anecdote au sujet de Vass. Lors d'un concours, je me tenais avec François Lelevier près du terrain et nous parlions justement de Vass. Son propriétaire promenait la bête et François me chuchote "bon sang, voilà certainement le meilleur Malinois de France, mais comment gagner un concours avec un chien pareil ". A la fin de la journée :
1er Vass du Faubourg des Postes, ce fut l'un des plus beaux jour de ma vie cynophile !
(Léon reprend la parole). Tu te rappelles André, il avait un frère ?
Oui, il se prénommait Vicky dit Chéribibi.
Chéribibi -Vicky du faubourg des postes frère de Vass à Primo OrlandiniExact et si je me souviens de l'animal "il était féroce ".
Remarque, nous avions une souche de chiens terribles comme lui. Chez moi, il y en avait un que les amateurs avaient affublé d'un sobriquet. C'était à l'époque des catcheurs "Delaporte, l'Ange blanc, etc…", ils l'avaient surnommé "le bourreau de Béthune ".
Son véritable nom était Ginou, il était né chez moi et c'était le père de Mulot. Bon sang, qu'il était dur et en plus disgracieux (rire).
Un jour, il était parmi nous, car il n'était pas méchant. Le voilà parti à nous faire la fête et rien qu'avec le battement de sa queue, il faisait bouger la table. Puis , il reconnaît quelqu'un, il saute sur la table.
Il enchaîne sur la personne, il a pratiquement fait tomber tout le monde et tout ça dans la joie (rire).
Un solide gaillard ce Ginou, c'était les chiens d‘une époque, maintenant ils sont plus souples. Nous étions habitués à ce type de caractère et nous faisions attention, naturellement.

Il est certain que Mr Destailleur fit attention et cela dans tous les domaines. Homme de terrain certes, mais également homme de plume. Ses remarques sur le règlement ont interpellé plus d'un conducteur, il se plaça comme fer de lance d'un renouvellement d'écriture, qui bizarrement ne put aboutir. Néanmoins, quand nous observons notre règlement actuel, on devine de grande similitude. Ses réflexions sur l'élevage, l'atavisme et la construction d'une race ont toujours bouleversé les puristes et sa modestie lui aura certainement fait oublier qu'à chacune de ses prestations dans le costume, les cynophiles disaient inlassablement "aujourd'hui, ce ne sont pas nos chiens les vedettes, mais vous ".
Oui, vous Monsieur Destailleur, l'homme à qui la cynophilie utilitaire doit tant.
Oui vous l'homme qui nous a tant appris, vous qui avez donné sans compter toutes ces années et vous qui nous avez apporté ce merveilleux Malinois.
Soyez remercié mille fois et mille fois encore.
Sachez Monsieur Léon Destailleur que tous les cynophiles vous offrent en retour leur plus profond respect.

Votre nom restera à tous jamais gravé dans l'histoire et dans nos coeurs à la lettre D … Comme DIVIN !

Remerciements à tous les collectionneurs pour m'avoir confié leur photo. Mais aussi un grand merci à Léon Destailleur, André Noël, Michel Picaut, Fidel real, Louis Sambugaro et naturellement le mag "chiensanslaisse " et plus particulièrement Alain Dupont.

A+ pour la saga 3, mais avant une surprise, j'y travaille !!!

Imprimer la page  -- Diese Seite drucken  -- Print this site
Copyright © /www.chienplus.com
Tous droits réservés. La reproduction de tout ou partie du matériel contenu sur ce site est interdite sans l'autorisation écrite de l'auteur.